Reconnaissance de l'Etat palestinien par le Brésil

Palestine flag

Drapeau palestinien au Brésil, de l'utilisateur Flickr Setesete77 (licence Creative Commons 2.0: by-nc-sa)

Le 3 décembre 2010, le Brésil a reconnu officiellement [en portugais, comme tous les blogs cités sauf mention contraire] l'Etat palestinien dans ses frontières de 1967 -avant la Guerre des Six Jours - selon la note n° 707 du Ministère aux affaires extérieures /Itamaraty.

Dès 1975, le Brésil a reconnu l’OLP -Organisation pour la Libération de la Palestine – comme la représentante légitime du peuple palestinien. Dès 1993, elle eut au Brésil une délégation spéciale, et dès 1998, le statut d'ambassade. La reconnaissance est arrivée après une lettre envoyée par le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au Président brésilien Lula pour lui demander la reconnaissance d'un Etat palestinien.

Dans son blog, le journaliste et historien Rafael Fortes commente la note d'Itamaraty, et loue la décision, qu'il estime cohérente avec la politique extérieure menée par le Président Lula ces dernières années :

O texto é claro, direto e correto. Corresponde, aliás, à política externa do Governo Lula, que nada tem de radical, apesar da histeria da mídia gorda (principal partido de direita do Brasil, hoje). Exemplo disso é a intensificação das trocas comerciais com Israel – inclusive pela compra de armas e outros produtos e serviços de segurança e inteligência, cujo “laboratório” são os territórios ocupados e as “cobaias humanas”, a população palestina. Estas trocas comerciais contribuem para o fortalecimento de um país que deveria sofrer boicote da comunidade internacional, tal qual a África do Sul do apartheid.

Le texte est clair, direct et exact. En vérité, il s'accorde avec la politique extérieure du gouvernement Lula, qui n'a rien de radical, en dépit de la grande hystérie des médias (le principal parti de droite au Brésil à l'heure actuelle). L'exemple en est l'intensification du commerce avec Israël – incluant l'achat d'armes et d'autres produits ainsi que des services de sécurité et de renseignements, pour lesquels les territoires occupés sont un “laboratoire” et la population palestienne, des “cobayes humains”. Ce commerce contribue au renforcement d'un pays qui devrait subir un boycott de la communauté internationale, comme l'Afrique du Sud de l’apartheid.

Miguel Grazziotin salue dans son blog  la décision de la diplomatie brésilienne, qu'il estime juste, étant donné que le Brésil a aussi reconnu l'Etat d'Israël :

Muito acertada a decisão deste presidente, do qual muito me orgulho.
Se existe o reconhecimento de um Estado Judeu, Israel, nada mais justo que o reconhecimento do Estado Palestino.
Embora saibamos que no mundo ocidental, dominado pelos sionistas, há coisas que só o “povo escolhido” pode fazer ou ter…….

La décision de ce Président est très sage et j'en suis fier. Si un Etat juif, c'est-à-dire Israël, est reconnu, alors rien n'est plus juste que soit aussi reconnu l'Etat palestinien.
Bien que nous sachions qu'en Occident, qui est dominé par les sionistes, il y a des choses que seul le “peuple élu” peut faire et avoir…

Par contre, Marcos Guterman  critique dans son blog la décision, et cite de possibles erreurs :

Tecnicamente, é um erro falar de um Estado palestino com “fronteiras anteriores à guerra de 1967”. O que há são acordos de armistício, e o que Israel conquistou não foram territórios “palestinos”, mas egípcios (Gaza) e jordanianos (Cisjordânia).

Techniquement, c'est une erreur de parler d'un Etat palestinien avec des “frontières antérieures à la guerre de 1967”. Ce qu'il y a, ce sont des accords d'armistice, et ce qu'Israël a conquis n'étaient pas des territoires “palestiniens”, mais des territoires égyptiens (Gaza) et jordaniens (la Cisjordanie).

Conceição Oliveira, dans le blog Maria Frô, considère que la reconnaissance de l'Etat palestinien par le Brésil dans ses frontières de 1967 a été la nouvelle la plus importante de la journée, et elle profite de cette opportunité pour critiquer la couverture médiatique brésilienne de cette affaire :

Diplomacia é isso, aprendam aí gringos, ao invés de ficar bisbilhotando chefes de Estado, façam o que tem de ser feito: contribuam para o diálogo e processo de paz não dizendo amém para o imperialismo da política sionista.
Para mim foi a notícia mais importante do dia, mas os brasileiros preferiram falar e sonhar com IPad e a imprensalona a dar voz ao Estado Sionista.

Ça, c'est de la diplomatie. Apprenez, gringos, au lieu d'espionner des chefs d'Etat, faites ce qui doit être fait : contribuer au dialogue et au processus de paix sans dire amen à la politique sioniste impérialiste.
Pour moi, ce fut la nouvelle la plus importante de la journée, mais les Brésiliens ont préféré parler de l'Ipad et en rêver et  la  presse grand public a préféré donner la parole à l'Etat sioniste.

Trois jours après la décision du Brésil, l'Argentine a annoncé aussi la reconnaissance d'un Etat palestinien, comme le fait savoir Opera Mundi. C. Oliveira fait des commentaires sur l'impact qu'a eu la couverture du sujet dans les médias brésiliens, vu que jusqu'alors la nouvelle avait à peine été relayée dans la blogosphère brésilienne et la presse :

Houve pouca repercurssão na blogosfera e na imprensalona o viés de sempre: o que os sionistas acharam da nota do Itamaraty, nenhum linha sobre a repercussão do reconhecimento brasileiro entre os palestinos.
Após a Argentina também reconhecer aos palestinos o direito de constituir um Estado livre e independente os portais brasileiros começaram a dar mais bola para notícia.
Ao menos entre os palestinos as expectativas diante do fato de O Cara reconhecer o direito de formação do Estado Palestino são a de que o ato do presidente Lula produzirá uma onda de apoio à luta de décadas dos palestinos contra a opressão do imperialismo sionista. Acompanhemos.

Il y a eu peu de répercussions dans la blogosphère et dans la presse grand public le même biais : ce que les sionistes pensaient de la note d'Itamaraty, aucune ligne sur la répercussion qu'a eue, pour les Palestiniens, cette reconnaissance par le Brésil.
Après que l'Argentine eut aussi reconnu aux Palestiniens le droit de créer un Etat libre et indépendant, les portails brésiliens ont commencé à prêter plus d'attention à la nouvelle.
Au moins les attentes des Palestiniens après la reconnaissance par O Cara du droit à la création d'un Etat palestinien sont à présent que l'acte du Président Lula produise une onde de soutien à cette lutte qui dure depuis des décennies contre l'oppression de l'impérialisme sioniste. Nous allons suivre cela.
Brazil and Palestine: President Lula da Silva and Mahmoud Abbas

Rencontre du président Lula da Silva avec Mahmoud Abbas en novembre 2009. Photo de Manu Dias/AGECOM, partagée par l'utilisateur Flickr Gov/Ba (Creative Commons 2.0 by)

Claudio Ribeiro, dans le  blog Diversas Palavras critique également la couverture médiatique et  accuse les médias d'avoir des liens avec les intérêts américains – lesquels s'opposent à la reconnaissance de la Palestine :

O Brasil não está isolado e nem fazendo “pirotecnia diplomática” ou agindo sem qualquer sintonia com seus pares e/ou vizinhos, como insistem em afirmar os prepostos americanos: grande imprensa local e políticos da oposição.

Le Brésil n'est pas isolé. Il n'est pas en train de faire de la “pyrotechnie diplomatique” ni d'agir en désaccord avec ses égaux et/ou ses voisins, comme le soutiennent les agents américains : la presse grand public locale et les hommes politiques de l'opposition.

Pendant longtemps, selon le blog Kaos en la Red, le Brésil a cherché à agir pour résoudre le conflit israélo-palestinien, et la reconnaissance de l'Etat palestinien peut donner plus de force au Brésil pour participer à ces négociations. Jorge Seadi, qui écrit pour le  blog Sul21, analyse le sens de cette reconnaissance  pour le gouvernement brésilien et ses conséquences pratiques :

O reconhecimento das fronteiras como eram em 1967 significa que, na opinião do governo brasileiro, Israel deve devolver os territórios ocupados — Cisjordânia, Jerusalém Oriental e Faixa de Gaza. O presidente Lula escreveu ao líder palestino que “o reconhecimento de suas fronteiras é parte da convicção brasileira de que um processo negociador que resulte em dois Estados convivendo pacificamente e em segurança é o melhor caminho para a paz no Oriente Médio”.

La reconnaissance des frontières telles qu'elles étaient en 1967 signifie que, d'après le gouvernement brésilien, Israël doit rendre les territoires occupés— la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza. Le Président Lula a écrit au leader palestinien que “la reconnaissance de ses frontières est due à la conviction du Brésil qu'un processus de négociations conduisant à ce que deux Etats coexistent de manière pacifique et sûre, est la meilleure voie pour la paix au Moyen-Orient”.

Georges Bourdukan ajoute aussi dans son blog que les Etats-Unis ont critiqué la décision du Brésil de reconnaître l'Etat palestinien, et en avance des raisons, comme la nécessité pour les Etats-Unis de maintenir leur industrie de guerre florissante au travers de l'appui fourni à Israël :

Criticar a atitude brasileira é querer transformar o Brasil no Iran da vez.
Os Estados Unidos, por, exemplo, consideraram “lamentável” e “imprudente” a decisão brasileira.
O que confirma, mais uma vez, que os Estados Unidos farão de tudo, como têm feito até hoje, para impedir a criação do Estado palestino.
É fundamental para eles que não haja Estado palestino.
Um Estado palestino significa o início do fim do atual estado de Israel, cujos dirigentes, como se sabe, transformaram o país num posto militar.
Israel existe para manter florescente a indústria bélica e a sobrevivência dos EUA.

Critiquer l'attitude brésilienne c'est vouloir transformer le Brésil en l'Iran du moment.
Les Etats-Unis, par exemple, considèrent la décision brésilienne “lamentable” et “imprudente”. Ce qui confirme, une fois de plus, que les Etats-Unis feront tout, comme ils l'ont fait jusqu'à aujourd'hui, pour empêcher la création de l'Etat palestinien. Il est fondamental pour eux qu'il n'y ait pas d'Etat palestinien. Un Etat palestinien signifie le début de la fin de l'actuel Etat d'Israël, dont les dirigeants, comme on le sait, ont transformé le pays en poste militaire. Israël n'existe que pour maintenir florissante l'industrie militaire et la survie des Etats-Unis.

Le MOPAT (Mouvement de la Palestine pour Tous) a bien accueilli la décision de Lula mais il lui a demandé des actions plus concrètes contre ce qu'il appelle l'”équation sioniste” de la Palestine.

Le gouvernement israélien,  selon Braulio Wanderley du blog História Vermelha a condamné cette reconnaissance, affirmant qu’ “elle n'aide pas le processus de paix mais l'entrave.”

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