Des Maldives à l'Egypte : Peut-on censurer une révolution ?

Ce billet fait partie de notre dossier Egypte. Il a été publié le 30 janvier 2011 sur le site Global Voices en Anglais.

La coupure de l'accès à l'Internet dans l'ensemble du pays, décidée le 27 janvier dernier par les autorités égyptiennes afin de contenir la montée des manifestations anti-gouvernementales, a rappelé aux habitants des Maldives le 13 août 2004, lorsque le gouvernement des Maldives avait bloqué l'accès à l'Internet, suite à une importante manifestation pour la démocratie. Les autorités avaient réprimé [en anglais] les manifestations, coupé l'Internet intégralement dans tout le pays, déclaré l'état d'urgence, et espéré que la nouvelle de ces événements aux Maldives ne se propagerait pas au reste du monde.

Alors que l'ensemble des universités et les médias s'interrogent sur l'influence de Twitter et des autres outils de réseaux sociaux sur les révolutions pro-démocraties à travers le monde, les gouvernements autoritaires, fébriles, intensifient la censure pour faire taire les citoyens. La révolution en Tunisie [en français] a inspiré les militants démocrates au Moyen-Orient, et désormais les régimes répressifs essaient de bloquer l'extension de la rcontestation à travers l'Internet. Des tweets non confirmés évoqueraient le blocage de l'Internet en Syrie alors que les manifestations touchent l'Egypte.

Jawazsafar tweete :

Attends, quoi? La Syrie bloque l'accès à Internet? S'il-vous-plaît dénoncez ceci #Jan25 #Syria

Un tweet populaire qui a été retwitté au cours des deux derniers jours illustre la censure par le gouvernement égyptien :

Anon_VV
tweete :

Tout ██va█████ ████ ████bien ███ █ ████ amitiés. ████ █████ le ███ gouvernement ███ ████ égyptien ██ #jan25 #Egypt #censorship

Aux Maldives, la censure gouvernementales a débuté dès 1998, deux ans à peine après l'introduction de l'Internet. Durant une décennie, les militants démocrates ont dû jouer au chat et à la souris avec les censeurs du gouvernement, jusqu'à l'établissement d'une démocratie grâce à une élection sans heurts en 2008. Les militants ont toujours trouvé des brèches dans le filet de la censure posé par le gouvernement. Parfois, c'était grâce à l'usage de serveurs proxy et en changeant le port par lequel les requêtes http étaient réalisées. D'autres fois, il suffisait d'ajouter astucieusement un point supplémentaire après le .com, .net ou autre suffixe utilisé. Et si les autorités appliquaient des filtres au niveau des DNS, les adresses IP des sites bloqués étaient utilisées pour échapper aux censeurs.

Dans le cas de l'Egypte, les utilisateurs des médias sociaux furent rapides à repérer de telles brèches. Le gouvernement a bloqué Twitter, Facebook [en français] et d'autres outils de médias sociaux au niveau des DNS. Les gens ont alors compris rapidement que les sites étaient accessibles via les adresses IP.

La décision du gouvernement égyptien de couper complètement l'Internet a compliqué les choses. L'Egypte est un pays dont l'économie repose sur l'Internet et lors de sa coupure, cela a soulevé une importante question. Comment les médias sociaux peuvent-ils alimenter une révolution lorsque l'Internet est bloqué ? Comment peut-on twitter une révolution lorsqu'il y a une coupure totale de l'Internet ?

Dans le cas de l'Egypte, les dernières heures ont montré que le gouvernement était incapable d'empêcher l'Internet et les médias sociaux de diffuser l'information sur les manifestations. Grâce aux téléphones portables et fixes, les manifestants en Egypte ont communiqué les informations hors des frontières, qui étaient alors mises à jour à travers Twitter et les blogs.

Nico Diaz
informe :

Envoyez vos infos par SMS au +1 949 209 7559 et ils retwitteront pour vous. Faîtes circuler l'info à ceux en #Egypte #internet

Suite à la coupure de l'Internet en Egypte, les modems bas débit et des technologies passées de mode ont retrouvé une nouvelle jeunesse. Les gens se demandent si la radio amateur pourrait être une méthode viable de communication lors d'une coupure généralisée de l'Internet.

Security4all conseille :

Alors ne jetez pas maintenant ces vieux modems… Ou alors procurez-vous une radio amateur! ;-)

Telecomix tweete :

#hamradio #morsecode depuis l’#Egypte: “[aujourd'hui] marque un grand jour [pour] l'Egypte”; ~00:30 UTC 7078.70 kHz, message complet ici : ur1.ca/31l54 #hamr #cw

Plusieurs bilets de blogs discutent des alternatives possibles face à une coupure généralisée de l'internet et conseillent de revenir aux vieilles technologies comme le modem. Twitter est rempli de tweets donnant les identifiants d'accès à des comptes bas-débit pour les Egyptiens, mis en place dans d'autres pays.


Habib Haddad
tweete :

Telecomix propose maintenant des connections bas-débit aux égyptiens +46850009990. nom d'utilisateur/mot de passe: telecomix/telecomix #Egypte #Jan25 @telecomix


Nico Diaz
ajoute :

Le serveur VOPN http://texnomic.com/url/2L est désormais stable et accessible GRATUITEMENT à TOUS #egypte #internet

Jacob Appelbaum tweete :

Les égyptiens peuvent désormais utiliser ce numéro pour se connecter à internet : +33172890150 (nom d'utilisateur ‘toto’ mot de passe ‘toto’) – grâce à un FAI français (FDN) #egypte #jan25

Martin Bogomolni rapporte :

L'utilisation des #BBS en Egypte explose. Les téléchargements des bons vieux logiciels BBS des années 80 font des bonds énormes… qui a dit que les BBS étaient morts?

Egypt/Main Page [en anglais] est un wiki qui recense les liens de diverses ressources afin de contourner la censure.

Le sentiment général parmi les internautes est qu'un gouvernement peut arrêter l'Internet mais il ne peut pas arrêter une révolution quand tous les ingrédients sont en place.

Mark tweete :

Ne pas avoir l'Internet n'a pas empêché la Révolution Française, ou la russe ou d'autres révolutions du même genre.

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