Thaïlande : Une webmaster en procès

Chiranuch Premchaiporn (ses amis l'appellent Jiew), est la webmaster du site Prachatai.com. Elle est accusée par les autorités thaïlandaises d'avoir enfreint la loi du pays sur les crimes informatiques. Prachatai [en anglais], qui signifie “Personnes libres” en thaïlandais, est un portail d'information en ligne indépendant.

Photo of Jiew from the website of Digital Democracy.

“Je suis juste fidèle à ce en quoi je crois”, déclare Jiew. Photo provenant du site internet Digital Democracy.

Le blog FACT (pour Freedom Against Censorship Thailand : Liberté Contre la Censure Thaïlande) propose une vue d'ensemble [en anglais] de l'affaire. Jiew est accusée d'avoir autorisé la mise en ligne de dix commentaires au contenu considéré comme étant de lèse-majesté sur le forum de Prachatai.

Elle avait supprimé ces commentaires avant même de recevoir l'injonction de retrait de la part de l'Etat, mais cela n'a pas empêché les autorités de procéder à son arrestation l'année dernière. Si elle est déclarée coupable, elle risque 50 ans de prison.

La Thaïlande a une législation stricte en terme de lèse-majesté et les autorités sont promptes à fermer tout site au contenu estimé insultant à l'égard de la monarchie. La censure s'est intensifiée l'année dernière, accompagnant l'état d'urgence national instauré en réponse aux manifestations anti-gouvernementales [en anglais] menées par les Chemises Rouges.

Le procès de Jiew est suivi de très près [en anglais] par les internautes, journalistes et défenseurs des droits de l'homme. Sous la plume de CJ Hinke, le site Global Voices Advocacy s'est fait l'écho de chacune des cinq journées du procès de la jeune femme (journée 1, 2, 3, 4 et 5). La suite des débats a été reportée à septembre 2011 [en anglais].

Pourquoi le cas de Jiew est-il si important ? Parce qu'elle est poursuivie non pas pour ses écrits mais pour des commentaires écrits par d'autres sur son site internet. CJ Hinke explique en quoi ce procès servira de point de repère en Thaïlande :

Le cas de Chiranuch est révélateur de l'état de la liberté d'expression en Thaïlande. Au vu de la décision de la cour, nous saurons si nous vivons dans une démocratie respectant les droits de l'homme et les libertés civiles ou bien dirigée par une junte militaire et à la merci de ses caprices.

Le blog régional New Mandala a mis en ligne une interview de Jiew [en anglais] au cours duquel elle livre son point de vue sur l'état des médias en Thaïlande :

Quant on évoque la liberté de la presse en Thaïlande, il faut savoir qu'elle est très surveillée par l'Etat et manipulée par le secteur des loisirs et les entreprises. Si vous parlez d'actualité ou de politique, vous ne pouvez pas vous montrer trop critique envers l'action gouvernementale, qu'elle soit bonne ou mauvaise. La plupart des médias thaïlandais appartiennent à l'armée ou à l'Etat. C'est un problème de propriété.

Le blog Thai Netizen Network propose d'amender la loi contre les crimes informatiques [en anglais] car celle-ci est utilisée pour étouffer la liberté de la presse à travers le pays :

… on a pu constater que l'application de cette loi ne fait que priver les gens de leur droit à la liberté d'expression, ce qui est l'un des fondement de la démocratie. En outre, cette loi est en contradiction avec plusieurs points caractérisant Internet, ce qui en permet un recours abusif. Le gouvernement n’ a cependant jamais sérieusement pris la mesure du problème, ni tenté d'amender cette loi empiétant sur les libertés.

FreeJiew est le nom d'un blog créé afin de soutenir Jiew dans sa bataille judiciaire.

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