Cameroun : Une volonté de changement – Entretien avec Kah Walla (Audio)

Depuis début février, le bruit courait sur Internet que le Cameroun entamerait à l'instar de l'Egypte ses propres manifestations  le 23 février 2011. Une fois le Président égyptien tombé, l'appel aux manifestations s'est répandu encore plus rapidement.

Parmi ceux qui ont relayé l'appel et y ont répondu se trouvait  Mme Kah Walla, candidate aux prochaines élections présidentielles du Cameroun en octobre 2011. Celle-ci est la fondatrice de Cameroon Ô Bosso (Cameroun, en avant! ), une organisation de la société civile qui soutient des élections libres et impartiales dans le pays.

Cela fait 28 ans que le Président du Cameroun, Paul Biya, est au pouvoir et il se représente aux élections à la fin de cette année.

La brigade d'intervention spéciale a usé de la force pour écraser la manifestation. Kah Walla se trouvait parmi les manifestants qui  ont été battus le 23 février à Douala, la capitale. Au départ, environ 300 manifestants étaient présents, mais la plupart ont fui lorsque la police a commencé à arrêter les gens avant même que la marche n'ait commencé. Au final, ils étaient moins de 50.

A la fin de cette vidéo chargée sur YouTube par le cameroun libre, où l'on voit un manifestant battu, on peut voir Kah Walla  faisant face au canon-à-eau les bras levés.

Cette autre vidéo chargée par Cameroon Ô Bosso sur YouTube montre la chaine des événements. Les manifestants portaient un maillot rouge et ont formé des chaînes humaines à un grand carrefour  bloquant ainsi la circulation.

L’ e-mail que Kah Walla a écrit sur les événements de cette journée a été publié par  Mougoué Mathias, un Camerounais qui vit à Milan, dans un groupe Facebook dénommé THE LARGEST CAMEROONIAN GROUP ON FACEBOOK!! (LE PLUS GRAND GROUPE CAMEROUNAIS SUR FACEBOOK!!)

Elle écrit:

Finalement, un chef en civil est arrivé. Il voulait “me donner une leçon” comme il disait. Il a demandé à ce que je sois mise sur le terre-plein au milieu de la rue. Puis, il a déversé tout le contenu du camion canon-à-eau sur moi. Vous noterez que mes deux poings sont levés sous le jet du canon-à-eau en signe de victoire. Voilà la leçon que j'ai apprise. C'est en nous-mêmes que se trouve le pouvoir. Aucune somme de violence ou de folie ne peut nous l'ôter.

La cerise sur le gâteau c'est que comme nous étouffions et avions des brûlures dûes aux produits chimiques dans l'eau, ils nous ont alors demandés de monter dans leur camion. Tandis que nous grimpions, dos tournés, ils nous ont frappés avec leurs matraques.  Le seul sentiment que j'ai éprouvé ce fut de la tristesse, tristesse de voir que ceux qui sont payés par nos impôts pour nous protéger montrent une si grande lâcheté et méchanceté. Après être montés dans le camion, ils nous ont laissés reprendre notre souffle puis nous ont relâchés. Quel était leur but en nous faisant monter dans leur camion? Juste celui de pouvoir nous frapper? C'est navrant.

L'armée a été déployée en divers endroits de Douala. Des photos ont paru sur Mboa Blog [fr], un portail camerounais.

Kah Walla

Kah Walla

Entretien avec Kah Walla

Dans l'entretien suivant, Kah Walla fait part de ses réflexions sur la situation politique et sociale au  Cameroun, et de la possibilité d'une révolution “à l'égyptienne”. Elle dit que les manifestations qui ont commencé le 23 février sont le point d'un départ d'un processus politique qui va dans la bonne direction:

Bien qu'elle pense que les Camerounais aient entamé un nouveau “processus”, la politicienne ne croit pas que l'heure d'une révolution “à l'égyptienne” soit arrivée. Son mouvement voulait principalement montrer au travers de cette action que les gens devraient et peuvent manifester en dépit de “l'énorme force répressive”:

Le site Africanews rapporte aussi que d'autres personnalités politiques ont été arrêtées, comme le parlementaire Jean Michel Nintcheu, député de Douala.

Kah Walla explique en outre qu'elle et son organisation ne réclament pas la démission de Paul Biya, Président du Cameroun depuis 1982,  mais souhaitent encourager un “changement du système” au niveau national : 

Selon la candidate à la Présidence, en dépit de la violence et des arrestations,  nombreux sont les Camerounais plus déterminés que jamais à mettre fin à ce système.

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