Salvador : Réflexions sur la Journée internationale de la femme

Traditionnellement, la Journée internationale de la femme est l'occasion de féliciter les femmes en ce jour qui leur est consacré, mais c'est également une journée de prise de parole et de réflexion sur l'égalité des sexes. En 2011, le Salvador est le pays avec le taux [en espagnol, comme tous les liens] de meurtres de femmes le plus élevé du monde, d'après le journal espagnol El Pais. Certains blogueurs salvadoriens ont partagé leurs réflexions sur cette journée et sur sa signification pour les femmes du Salvador.

Ixquic, femme, avocate, politologue, danseuse et mère célibataire a publié un billet intitulé ” Battue juste pour être une femme” sur son blog Xibalbá. Selon Ixquic, la violence contre les femmes est enracinée dans le comportement culturel, protégée par l'idée fausse selon laquelle les femmes sont des objets ou des êtres inférieurs, une fausse idée qui définit les relations de pouvoir dans tous les aspects de notre vie en tant que nation.

No es necesario seguir contando muertes, ni golpes, ni humillaciones. Las agresiones –porque somos mujeres— ya no deben seguir.

Il est inutile de continuer à compter les décès ou les actes de violence et les humiliations. Les agressions – parce que nous sommes des femmes – doivent cesser.

Mario France, auteur du blog Quo vadis?, dans son billet “La réalité des fémicides au Salvador” , propose deux  solutions. La première est une réorganisation des statistiques pénales afin de définir clairement les infractions criminelles, suivie d'une campagne de soutien pour les allégations de violence conjugale avec la mise à disposition 24 heures sur 24 d'un numéro de téléphone d'urgence. La seconde solution est que les tribunaux réduisent les délais d'instruction des affaires et que les procès soient publics.

No es natural que en un país con poco más de 21.000 km2 y con una población que oscila entre los 6 y los 7 millones de acuerdo al último censo, se disparen 197% las muertes en mujeres. Y si vamos a hablar lo ideal, no es natural que un ser humano la quite la vida a otro -aunque eso es material de otra discusión del tipo axiológico que en este momento no tiene cabida- pero ese es el tema que nos ocupa.

Il n'est pas normal que dans un pays d'une surface à peine supérieure à 21 000 km2 et une population de 6 à 7 millions d'habitants d'après le dernier recensement, les données sur les décès de femmes aient explosé de 197%. Et si on parle d'un monde idéal, il n'est pas naturel qu'un être humain prenne la vie d'un autre être humain, même s'il s'agit d'un argument pour un autre débat axiologique qui est pour le moment hors-sujet, mais c'est le problème dont il s'agit.

Aniuxa a écrit un billet court et touchant sur son blog  “Nunca falta alguien que sobre” (Il y a toujours quelqu'un de plus), elle réfléchit sur l'interprétation malhonnête de la journée par les commerces et sur la difficulté à constater que le marketing et la consommation ont pris le dessus.

Terrible es cuando los discursos de la luchas se vuelven parte del marketing y el consumo. El listón morado y el orgullo por tener vagina como una celebración de muchachas solteras en las discotecas. ¡Feliz día de la mujer! Porque en lo efímero de la fiesta se ha perdido una revindicación y la conmemoración de la desigualdades entre hombres y mujeres.

C'est douloureux lorsque les discours sur la souffrance font partie du marketing et de la consommation. La médaille de gagnant et la fierté d'avoir un vagin deviennent une célébration des femmes célibataires dans les boites de nuit. Bonne journée de la femme ! Parce qu'au milieu des célébrations, nous avons oublié la signification et la commémoration des inégalités entre les hommes et les femmes.

Peinture murale demandant la justice pour les femmes à San Marcos, au Salvador. Photo sur Flickr de rosaamarilla (CC BY-NC 2.0)

Aldebaran dans son blog  Enfrentamientos (Confrontations)  demande 2 choses dans son billet “Pour les femmes et les hommes” : il dit aux femmes de ne pas abandonner la lutte pour les droits de l'Homme, les droits du travail et les droit des genres, sinon personne ne le fera pour elles ; et il dit aux hommes d'essayer de réduire le machisme et d'éradiquer la “brute” qui sommeille en eux.

Por mucho que algunos hombres estemos de acuerdo con sus reivindicaciones y siempre nos apuntemos a luchar a su lado, ustedes deben llevar la batuta en esta tarea. Ojo: no todos los hombres somos sus enemigos y algunos podemos ser sus aliados en esta lucha. Por supuesto, no todas las mujeres son igualmente conscientes en este esfuerzo.

Même si certains d'entre nous comprennent vos difficultés et que nous nous battons à vos côtés, vous devez mener cette tâche. Notez-bien : tous les hommes ne sont pas vos ennemis et nous pouvons être vos alliés dans cette lutte. Bien sûr, toutes les femmes ne sont pas également conscientes de cet effort.

Rodrigo Amay du blog sur la technologie Mr. Byte, marque la journée par un billet en l'honneur d'Ada Lovelace, la première femme  programmatrice. Dans le même billet, il rend hommage aux “informaticiennes” et celles qui “soutiennent les informaticiens”

Sur le blog qui soutient le parti de gauche le Front de libération nationale Farabundo Martí (FMLN), un groupe de femmes organisées dans le secteur de la maquiladora [en français] profite de l'occasion pour dénoncer le secrétaire général de FENASTRAS (Fédération Nationale des Travailleurs Salvadoriens), un des syndicats les plus anciens et les plus actifs du Salvador. Elles accusent le secrétaire général ainsi que son épouse de “vendre” les listes des membres aux compagnies. Ainsi, les employeurs refusent toute femme ayant participé à des activités syndicales. De même, elles ont dénoncé des harcèlements, des mauvais traitements et même des meurtres de femmes dans les maquiladoras.

…lo mas grave de todo es cuando algunas compañeras trabajadoras han aparecido muertas y nunca hemos sabido ni el porqué ni quienes las asesinaron siendo no muy casual que esto ha ocurrido en compañeras que se han negado a ser abusadas sexualmente e incluso cuando sus maridos se han enterado de la situación y han intentado exigir investigación y justicia…

Le plus grave dans tout ça est quand des collègues sont trouvées mortes et nous ne savons jamais qui les a tuées et pourquoi, ce n'est pas une coïncidence parce que cela arrive uniquement à celles qui ont refusé des avances sexuelles, même quand leurs époux ont été informés de la situation et ont demandé une enquête et justice…

Victor sur son blog Alta Hora de la Noche (Au milieu de la nuit) a publié “Fémicides, les racines sont parmi nous” où il se joint au mouvement d'auto-critique sur le sujet. Il conclut sa réflexion approfondie par les mots célèbres et toujours d'actualité de Monseigneur Oscar Romero, un prêtre salvadorien célèbre pour sa défense des droits de l'Homme :

Antes de iniciar este post me preguntaba yo qué diría Monseñor Romero alrededor de este tema. Me doy cuenta que ya nos lo dijo antes:

“Los nombres de los asesinados irán cambiando, pero siempre habrá asesinados. Las violencias seguirán cambiando de nombre, pero habrá siempre violencia mientras no se cambie la raíz de donde están brotando todas esas cosas tan horrorosas de nuestro ambiente.” (Homilía 25 de septiembre de 1977, I-II p. 240).

La violencia hoy aparece también con este nombre. Y la raíz está, más que nunca, en nosotros

Avant de commencer ce billet, je me suis demandé ce que Monseigneur Romero dirait sur ce sujet. J'ai réalisé que, comme nous l'avons dit avant :

“Les noms des personnes tuées changeront, mais il existera toujours des victimes. La violence continuera de changer de nom, mais la violence existera toujours jusqu'à ce que les origines de ces choses horrifiques soient changées.”(Homélie du 25 septembre 1977, I-II p. 240).

La violence apparait maintenant également avec ce nom. Et le résultat est, plus que jamais, parmi nous.

Virginia dans son billet “Appareils électroménagers et homicide: ‘Bonne fête de la femme !?'” [es] estime que la journée n'est pas utilisée à des fins positives. Elle affirme également que le sexisme est tellement enraciné dans notre société qu'il banalise la violence contre les femmes et qu'il rend les fémicides horribles normaux.

Es normal que a una mujer le piten “porque está bien rica”. Es normal que a una estudiante de Medicina se le acose sexualmente “porque está en una profesión de hombres”. Y es esta normalidad las que nos impide alarmarnos ante las tasas de feminicidio, las mismas que han subido un 200% en una década, las que nos otorgan el pomposo primer lugar en la escala de asesinatos de mujeres en el mundo. Hurra por la sociedad protomacha. Y más vítores para las mujeres, tan vulnerables y delicadas, quienes son las que prolongan el machismo mediante los modelos de crianza. Hurra. V.Lemus

Il est normal de siffler une femme “parce qu'elle est sexy”. Il est normal qu'une étudiante en médecine soit victime de harcèlement sexuel “parce que c'est une profession d'hommes”. Et dans cette normalité, on n'est pas alarmé par le taux de fémicide, qui a augmenté de 200% en 10 ans, ce qui nous donne la première place d'honneur des meurtres de femmes dans le monde. Vive la société macho. Et vive les femmes, si vulnérables et sensibles, qui sont connues pour entretenir le machisme en faisant des enfants. Hourrah.

Hunnapuh-Comments a publié le billet “Fémicides, une réalité honteuse” qui compare les taux de mortalité avec les décès des femmes pour prouver qu'en effet le fémicide au Salvador a triplé en moins de 10 ans :

…la tendencia hacia el crecimiento de los feminicidios persiste bajo la mirada tolerante de TODA nuestra sociedad, que mantiene vigentes los principios y valores machistas en todos sus niveles, por lo que este mal debe atacarse con rigor desalentando la impunidad ante la violencia intrafamiliar…

…Les fémicides continuent d'augmenter sous le regard tolérant de notre société ENTIERE, qui maintient les principes et valeurs machistes. Ce mal doit être attaqué vigoureusement et nous devons décourager l'impunité pour les violences à l'intérieur de la famille…

Roxana Ellerbrok, du blog Conversations avec Neto Rivas, fait une analyse historique de la Journée et constate que même si les femmes sont majoritaires en Amérique latine, leurs chances d'influencer la sphère politique et économique ne sont pas identiques à celles des hommes, même si dans de nombreux cas les femmes sont les seules à soutenir la famille financièrement.

Y si bien es cierto, muchas cosas han cambiado en 100 años y las conquistas en todos los ámbitos han sido innegables e impresionantes y pese a todo el bombo y platillo que pueda tener la fecha, la verdad existen asignaturas pendientes y urgentes tales como la falta de oportunidades laborales y sociales por la preeminencia que todavía ostenta el varón sobre la mujer, es decir, el Machismo.

Il est vrai que beaucoup de choses ont changé en 100 ans et que les accomplissements dans tous les secteurs sont indéniables et impressionnants, malgré tous les roulements de tambour sur la date, le fait est qu'il existe des problèmes en suspens comme l'emploi et les opportunités sociales pour lesquels l'homme gagne toujours contre la femme, c'est-à-dire le machisme.

Enfin, David Mejia fait appel à la réflexion et s'adresse aux femmes en leur journée :

Es muy importante tomar acciones inmediatas y planes a corto, mediano y largo plazo, porque muchos no lo ven, pero la violencia y el maltrato hacia la mujer tiene muchas consecuencias, no solamente directas para con ellas, sino que genera más violencia en toda la sociedad…

Il est très important d'agir immédiatement et de planifier sur le court, moyen et long terme, parce que beaucoup de personnes ne le voient pas, mais la violence et les mauvais traitements contre les femmes ont de nombreuses conséquences, non seulement envers elles, mais ils génèrent plus de violence dans l'ensemble de la société.

D'autres voix :

- Que Joder: “Les jours spéciaux comme aujourd'hui” [es]

- Xibalbá: “Au diable les célébrations !” [es]

- Tiene que ser susto: “La Journée internationale de la femme : Olympia” [es]

- Farabunterra: “Pays de la mort” [es]

- Evangelizadoras de los apóstoles: “Les églises doivent briser le silence sur les problèmes de violence contre les femmes” [es]

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