Brésil: Les internautes célèbrent la reconnaissance de l'union homosexuelle

Le Tribunal Suprême Fédéral brésilien a reconnu jeudi dernier l'union homo-affective (NdT: ou “union civile”, le terme “homo-affective” est censé éloigner les préjugés sur la question). A l'unanimité, les ministres ont admis que les couples homosexuels stables disposaient des mêmes droits et devoirs que la législation brésilienne établit pour les couples hétérosexuels, et qu'ils pouvaient bénéficier dés à présent des pensions, retraites et mutuelles de santé de leur conjoint, ainsi que de tous les droits familiaux inhérents, tel que l'adoption. Selon le recensement 2010, il y aurait actuellement 60.000 couples gays dans le pays.

Dia 5 de maio de 2011 -> Dia em que o Supremo Tribunal Federal aprovou a União Homoafetiva (união estável) por dez votos a zero. Twitpic de @Leo_Rossetti

5 mai 2011 -> le jour où le tribunal suprême a voté en faveur de l'Union Homo-affective (Union stable) par 10 voix à 0. Twitpic de @Leo_Rossetti

Cette décision historique, qui met fin à la discrimination légale des homosexuels, a envahi les conversations, sur et hors de la Toile, au son prédominant de la célébration. Dans  l'après-midi du mercredi où a débuté la session à la cour, le mot-clé  #uniaohomoafetiva était en tête des trending topics de Twitter.

Tielo, du blog Ululos Selvagens (Hululements Sauvages), a suivi le déroulement du vote à la télévision dans le but d'analyser les arguments susceptibles d'être utilisés pour reconnaitre ou nier l'union stable pour les homosexuels. Fier de la cour constitutionnelle du pays, il relève les meilleures interventions:

Recomendo a leitura dos votos não apenas pelos argumentos jurídicos, mas pelos argumentos pró-tolerância.

Há duas falas que ministros que eu gostaria de deixar aqui:

“Aqui, o reino é da igualdade absoluta, pois não se pode alegar que os heteroafetivos perdem se os homoafetivos ganham. Quem ganha com a equiparação postulada pelos homoafetivos? Os homoafetivos, muito bem. E quem perde? Ninguém perde. Os heteroafetivos não perdem e a sociedade não perde” – Ministro Ayres Brito

“Uma sociedade decente é uma sociedade que não humilha seus integrantes.” – Ministra Hellen Gracie

Je recommande la lecture des votes non seulement pour les arguments juridiques, mais aussi pour les arguments en faveur de la tolérance.

Il y a deux interventions que j'aimerais laisser ici:

“Ici, le royaume est celui de l'égalité absolue, puisque personne ne peut soutenir que les hétéro-affectifs y perdent si les homo-affectifs y gagnent. Qui est-ce qui y gagne dans l'égalité postulée par les homo-affectifs ? Les homo-affectifs, très bien. Et qui est-ce qui y perd ? Personne. Les hétéro-affectifs n'y perdent rien et la société non plus.” – Ministre Ayres Brito

“Une société décente est une société qui n'humilie pas ses participants.” – Ministre Hellen Gracie

Papai Gay dit que ce fut l'un des rares moments où il est parvenu à être fier de la justice brésilienne:

Essa equiparação nos faz, perante a lei, iguais em nossos direitos de casais gays. Isso tem um efeito psicológico social fortíssimo. O estranhamento que ainda causa quando as pessoas sabem que moro com um homem será amparado pela lei. Vão pensar 2 vezes antes de falarem que isso é uma pouca vergonha.

Cette égalité nous rend, devant la loi, égaux dans nos droits de couples gays. Ceci a un effet psychologico-social très fort. La stupéfaction que cela cause encore lorsque les gens viennent à savoir que je vis avec un homme sera désormais protégée par la loi. Ils vont y penser à deux fois avant de s'exclamer que c'est une véritable honte.

Pour Joaquim Fernandez, cette décision arrive avec un peu de retard à cause de l'activisme de groupes religieux et de forces sociales conservatrices qui parvenaient à retarder le reconnaissance légale des unions homo-affectives.
Ce blogueur considère que le Brésil a fait un pas dans la bonne direction:

Só mesmo a visão turvada pelo preconceito ou pelo fanatismo religioso pode levar alguém a ser contra tal medida. A decisão, inclusive, não institui o casamento civil entre pessoas do mesmo sexo. Entendem os ministros que o casamento civil se restringe aos casais formados por um homem e uma mulher. Assim, não há motivos para alguém se opor a uma decisão que, reitere-se, foi tomada por unanimidade. Ainda que de forma mais lenta do que seria desejável, o Brasil vai avançando nas questões de cidadania.

Seule une raison troublée par les préjugés ou le fanatisme religieux peut mener quelqu'un à s'ériger contre une telle mesure. Ce verdict, de toute façon, n'institue en aucune manière le mariage civil entre des personnes du même sexe. Les ministres ont bien compris que le mariage civil se limitait aux couples formés par un homme et une femme. Il n'y a ainsi pas de raison pour que quelqu'un s'oppose à un décret qui, on le répète, a été adopté à l'unanimité. Même si c'est à un rythme plus lent que le rythme souhaitable, le Brésil avance à petits pas sur les questions de citoyenneté.
Comemoração da lei que aprova o casamento homossexual na Av Paulista. Twitpic de @Gui_5

Célébration de la loi approuvant le mariage homosexuel sur l'avenue Paulista (São Paulo. Brésil) Twitpic de @Gui_5

Ce n'est pourtant pas ce qu'ont compris un grand nombre de personnes qui ont célébré l'approbation de l'union homo-affective comme si elle était synonyme de mariage.  Everton Lopes et Marcel Zama racontent quelle était l'ambiance dans les rues de São Paulo après la décision:

Ontem algumas dezenas de pessoas foram comemorar na Av. Paulista. Foi bem legal e interessante. Emocionante as pessoas gritando “Agora pode”, quando uma drag queen vestida de noiva apareceu segurando a bandeira do arco-íris.

Sim, agora pode!

Mas que fique bem claro. O mais importante não é casar. É TER O DIREITO DE SE CASAR. Direito negado desde sempre e que hoje, é a nossa realidade.

Hier, quelques dizaines de personnes sont allées fêter ça sur l'av. Paulista. C'était super, et intéressant. Émouvants, les gens qui criaient “maintenant on peut”, lorsqu'une drag-queen habillée en mariée est apparue tenant le drapeau arc-en-ciel.

Oui, maintenant on peut !

Mais que cela soit bien clair. Le plus important n'est pas de se marier. C'EST D'EN AVOIR LE DROIT. Droit dénié depuis toujours et qui aujourd'hui et notre réalité.

En fait, les couples homosexuels ne vont pas pouvoir se marier suite à ce décret qui ne représente qu'un pas de plus vers l'union civile homosexuelle. L'avocate Flavia Penido éclaircit ce point ainsi que certains autres:

Não se está falando sobre casamento gay, e sim de equiparação da união estável heterossexual para a união estável estabelecida entre homossexuais

Personne ne parle de mariage gay, mais plutôt d'égalité entre l'union stable hétérosexuelle et l'union stable établie entre homosexuels.

Cida Lorenz Pelenz résume la question en terme de garantie de droits égaux pour tous:

Elementar, meu caro. A Constituição já diz que somos todos iguais perante a lei. Cumpra-se a lei!

Élémentaire mon cher Watson. La Constitution affirme déjà que nous sommes tous égaux devant la loi!

Voix dissonantes

Même si l'ambiance est à la fête, tout le monde ne se réjouit pas de la décision du STF (Tribunal Suprême Fédéral), tel Jhunior Silva, par exemple, qui la considère comme un régression pour la famille:

Deus neste dia está muito triste e decepcionado com os congressistas Brasileiros, o que Deus fez, eles querem apagar, abolir, tirar dos valores do ser humano o projeto família, mas eles não sabem, o que Deus estabeleceu homem nenhum irá destruir.

Dieu en ce jour, est très triste et déçu par les représentants du Congrès brésilien, ce que Dieu a fait, ils veulent le défaire, l'abolir, ôter des valeurs des êtres humains le projet famille, mais ils ne savent pas, ce que Dieu a établit, aucun homme au monde ne le détruira.

Le député Jair Bolsonaro a traité le décret avec ironie, disant qu”après l'union gay, le pas suivant serait la légalisation de la pédophilie”. Il y a des gens qui sont d'accord avec des points de vues semblables, comme Marcon :

Pelo andar da carruagem, muito em breve passará a ser necessário, no Brasil, que todo homem terá que ter uma experiencia homossexual para ser considerado maior de idade – felizmente de há muito já passei dos 18 anos e não serei alcançado por tal determinação.

Au train où vont les choses, il deviendra très bientôt obligatoire à tout homme, au Brésil, d'avoir une expérience homosexuelle pour être considéré comme majeur – heureusement, j'ai déjà dépassé depuis fort longtemps les 18 ans et je ne serai pas touché par ce décret.

La lutte continue

União Homoafetiva. Ilustração de Marcel Trindade em homenagem à decisão do STF

Union homo-affective. Illustration de Marcel Trindade en hommage à la décision du STF (sur flickr, sous licence CC BY 2.0)

Amanda Almeida souligne que la bataille légale peut bien être gagnée, la lutte continue:

Estamos agora em busca da aprovação do PL 122, que torna crime a ofensa e discriminação a homossexuais. É outro ponto que acho um absurdo que precise de votação. Respeito é algo que deveria ser inerente ao ser humano, independentemente de qualquer cor, raça ou escolha sexual. Mas tendo como estatística que um homossexual seja morto a cada um dia e meio (260 mortes irracionais em um ano), essa é outra luta essencial. Como infelizmente precisamos disso, que venha a votação da lei, mais uma vez.

Finalizo esse texto com uma frase fantástica da minha mãe. Sim, minha mãe. Que nunca foi feliz com minha ‘ orientação’ sexual e que sei que se sente triste com essa orientação, mas é uma pessoa que me deseja ver muito feliz, independente de qualquer coisa. Quando disse a ela que teve uma votação para garantir esses direitos, ela disse: “Mas se até as amantes, que obviamente causam destruições da instituição familiar, quando comprovam relacionamento duradouro têm direito a pensões e benefícios sem que nunca tenha sido necessária essa votação, pq um casal homossexual que só quer ser feliz sem prejudicar ninguém precisa passar por essa votação?” . Pois é, mãe. Ótima pergunta!

Nous souhaitons désormais l'approbation du PL 122, (Projet de Loi 122) qui criminalise l'offense et la discrimination envers un homosexuel. Voilà encore un point que je trouve absurde de soumettre au vote. Le respect est quelque chose qui devrait être inhérent à l'être humain, indépendamment de sa couleur, de sa race ou de son choix sexuel. Mais avec pour statistique, un homosexuel tué tous les jours et demi (260 morts irrationnelles en un an), il s'agit d'une autre lutte essentielle. Comme malheureusement nous en avons besoin, que ce vote ait lieu, encore une fois.

Je termine ce texte par une phrase fantastique de ma mère. Oui, ma mère. Qui ne s'est jamais réjouie de mon ‘orientation’ sexuelle et je sais même que cela la rend triste, mais c'est quelqu'un qui souhaite le meilleur pour moi, indépendamment de tout autre chose. Quand je lui ai dit qu'il y avait eu un vote pour garantir ces droits, elle a dit: “Mais si même les maitresses, qui sont clairement la cause de la destruction de l'institution familiale, ont droit aux pensions et autres bénéfices lorsqu'elles prouvent une relation durable sans avoir jamais eu besoin d'un tel vote, pourquoi un couple homosexuel qui ne veut qu'être heureux sans faire de mal à personne doit en passer par ce vote ?” Eh oui, maman. Bonne question !

La manière dont le Brésil gère l'intolérance et les préjugés sera le sujet du prochain billet de cette série. Lisez aussi les articles précédents:

Brasil: Homofobia, Religião e Política
Brésil : Les LGBT entre violences et droits civiques

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