Cambodge : Qui a décidé de censurer les sites d’opposition ?

Ce texte a été traduit par Franck Chansard, élève de classe préparatoire ECS3-ECE5 du Lycée Ozenne à Toulouse, sous la direction de son professeur d'anglais Audrey Lambert.

[Liens en anglais] Le mois dernier au Cambodge, un site d'opposition au gouvernement cambodgien a été bloqué par certains Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) au Cambodge. Les FAI ont par la suite nié avoir reçu des ordres de la part du gouvernement d'interdire les sites critiques envers lui. Le gouvernement a également insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une politique destinée à bloquer les sites internet des groupes d’opposition. Heureusement, l’accès aux sites a été immédiatement restauré.

Mais le problème de la censure d’Internet au Cambodge a continué de faire parler de lui ce mois ci, quand des médias ont révélé l’existence d’une lettre des autorités gouvernementales de l’information, demandant à certains FAIs de censurer des sites qui nuiraient soi-disant à la morale et aux traditions cambodgiennes.

Sieng Sithy, directeur adjoint du conseil d’administration de la régulation des pratiques de télécommunications au MPTC [Ministère des Postes et Télecommunications], a écrit un mail à Ezecom, Metfone, Citylink, Digi, AngkorNet, WiCam, TC, Camnet, Online et Camintel pour les remercier de leur « coopération » en ce qui concerne l’interdiction de l’accès à plusieurs sites Internet, dont les sites KI-Media, Khmerization et un site où figurent les œuvres du caricaturiste politique Sacrava.

Le gouvernement a fait des déclarations contradictoires quant à la véracité de cette lettre. Le Ministère continue d’affirmer que le gouvernement ne cherche pas à censurer internet.

Ci-dessous quelques extraits de la lettre controversée :

L’e-mail, signé électroniquement par Sieng Sithy, directeur adjoint du service régulation du ministère, s’adresse aux fournisseurs de services WiCam, Telesurf et Hello :

« Nous avons découvert que vous n’aviez pas encore agi, donc veuillez s’il vous plaît le faire immédiatement. »

« Ci-dessous les sites concernés »

« Encore une fois, en cas de non coopération, ce sera de votre propre responsabilité »

Les internautes cambodgiens se sont plaints que les sites mentionnés ont été inaccessibles à de nombreuses reprises ce mois-ci. Les FAI l’ont justifié par des problèmes techniques.

La Ligue cambodgienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (LICADHO) condamne ce blocage de sites critiques envers le gouvernement.

Internet était le seul média audio-visuel qui n’était pas complètement contrôlé par le gouvernement. La censure de sites controversés marque un pas significatif vers un environnement médiatique plus oppressant.

Caricature de Sacrava

Le groupe veut aussi que les FAI expliquent à leurs clients pourquoi ils ont accepté la requête du gouvernement de censurer ces sites.

Est-ce que le gouvernement a simplement fait une « requête » auprès des FAI pour qu’ils bloquent certains sites ? Si c’est le cas, les FAI doivent expliquer franchement à leurs clients pourquoi ils ont choisi de coopérer. Se cacher derrière des excuses ne fait que les rendre complices de la campagne de censure. Les clients concernés devraient appeler leurs FAI pour demander des explications légitimes à propos de l'arrêt continu du fonctionnement des sites internet de l’opposition. Encore mieux, les FAI devraient tous décliner la requête faite par le gouvernement et restaurer le plein accès à tous les sites internet immédiatement. Les clients sont en droit de savoir s’ils donnent leur argent à une entreprise qui aide le gouvernement à développer une campagne de censure.

Le Comité pour la protection des journalistes s'inquiète également de l’intensification de la censure des médias au Cambodge.

D’après ce que rapportent les médias, l'utilisation d'Internet a augmenté de 500 pour cent l’année passée au Cambodge.

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