Equateur : Un ancien arbitre de football arrêté en possession d’héroïne aux Etats-Unis

Ce texte a été traduit par Jean-Baptiste Costa et Paul Leygonie, élèves des classes préparatoires ECS3-ECE5 du lycée Ozenne de Toulouse, sous la direction de leur professeur d'anglais Audrey Lambert.

Les Équatoriens sont anéantis et surpris par des informations circulant sur un de leurs concitoyens : la semaine dernière, l’arbitre de football Byron Moreno Ruales [en anglais] a été arrêté à l’aéroport international JFK de New York alors qu’il tentait de faire passer 6 kilos d’héroïne scotchés à son corps. Moreno est un arbitre controversé, surnommé « El Justiciero » (Le Juste ou celui qui recherche la justice). Il a été candidat au poste de conseiller municipal de Quito, et avant son arrestation, il travaillait comme chroniqueur de football pour Radio Sonorama et la chaîne de télévision Canal Uno en Equateur.

L’avocat auteur du blog Aura Neurotica [en espagnol] déplore que le patriotisme équatorien soit fait de « journaux, de drogues, de mensonges, de paillettes et de théâtre », et du classique « viveza criolla » (esprit inné ou ruse).

Que vergüenza, que dolor, y que ganas de gritarle al mundo ‘no somos todos asi!!!’ Pero debemos asumirlo muchachos, la situación del arbitro caído en desgracia es la viveza criolla puesta en acción. Es 30 años de supuesta democracia y de los vicios que las corroen las que crean a un personaje capaz de dar noticias de fútbol y el día siguiente se pega 6 kilos de heroina en el cuerpo.

Quelle honte, quelle douleur et quelle envie de crier au monde « nous ne sommes pas tous comme ça ! ». Mais les gars, nous devons l’accepter, la situation de l’arbitre disgracié représente “l’inné” en action. Ce sont 30 ans d’une supposée démocratie et de vices qui la rongent, qui créent un personnage capable de faire une chronique  footballistique et, le jour suivant, de se coller 6 kilos d’héroïne sur le corps.

En juin 2003, Moreno a quitté la Fédération Internationale de Football  (FIFA). L’ancien arbitre est surtout connu pour avoir accordé un penalty très discutable à la Corée (voir la vidéo) pendant un match contre l’Italie lors de la Coupe du Monde 2002. Au cours de ce même match, Moreno a aussi expulsé le joueur italien Francesco Totti et annulé un but de l’équipe italienne, comme l’explique sur son blog le journaliste Ruben Dario Buitron. La Corée du Sud a gagné ce match et s’est qualifiée pour les quarts de finales.

Sur son blog, Buitron analyse également la réaction des médias aux dernières nouvelles concernant la tentative de Moreno de faire passer de l’héroïne aux États-Unis :

Este buen periodismo, en el caso de Moreno, presentó el tema con extremo cuidado, sin tratar de sacar ventaja de la supuesta estridencia del hecho y sin buscar ángulos amarillistas o sensacionalistas para vender más ejemplares o ganar rating.

Pero el otro periodismo, que no podemos negar que existe, olvidó una vez más que todos los seres humanos “noticiables” merecen respeto y que mientras más delicado es el tema, mayor rigor y menos adjetivos hay que poner en la difusión de los hechos.

Le bon journalisme, dans le cas de Moreno, a présenté l’affaire avec une extrême prudence, sans essayer de tirer profit de la supposée gravité de l’évènement et sans chercher l’aspect presse à scandale ou à sensation pour vendre plus d’exemplaires ou obtenir une meilleure audience.
Mais l’autre journalisme, dont on ne peut nier l’existence, a encore une fois oublié que toutes les personnes qui font l’actualité méritent respect et que plus le sujet est délicat, plus la diffusion des informations se doit d’être rigoureuse et concise.

Le blog Ecuador en Noticias (L’Equateur dans les médias) doute que Moreno ait agit seul ; le blogueur David Guamba Torres suggère qu’il a pu agir sous la pression d’autres personnes. Il remet également en question la sécurité dans l’aéroport international Jose Joaquin de Olmedo à Guayaquil :

Les autorités de notre pays se rejettent mutuellement la faute et ferment les yeux, dans une certaine mesure, sur les contrôles de sécurité qui devraient être mis en place à l’aéroport.

[…]

Mais la vérité c’est que les Équatoriens vont maintenant faire face à des contrôles plus stricts lorsqu’ils voyageront vers d’autres pays.

Une erreur (ou un acte de désespoir) de Moreno qui nous coûte très cher.

Andes a mis en ligne une vidéo de caméra de surveillance, où l'on voit  Byron Moreno aux contrôles de sécurité de l’aéroport. Il passe les deux premiers contrôles mais échoue au troisième, mais il est tout de même autorisé à embarquer dans l’avion. Jaime critique la presse pour la publication de cette vidéo dans un commentaire sur le blog de Buitron.

Les trafiquants de drogues sont connus pour utiliser ce que l’on appelle des “mules” comme passeurs de leur trafic illégal. En Équateur, après un amendement au Code Pénal, les personnes trouvées en possession de moins de deux kilos de drogue doivent s’acquitter d’une amende, mais ne sont pas condamnées comme d’autres qui sont impliqués dans le trafic de drogue. Cette réforme a été engagée parce que, selon le président Rafael Correa, les « mules » sont considérées comme des victimes du système, ils sont généralement pauvres, au chômage et facilement séduits par les cartels de drogues pour transporter de faibles quantités de drogue en échange d’une rémunération minimale.

Après avoir énuméré tous les emplois de Moreno en Équateur, Carlos Sagnay de Desde mi trinchera conclut qu’il n’était pas pauvre, et, qu’il ait agit en mule ou non, il est tout de même tenu de respecter les lois américaines et équatoriennes. Il fait le calcul et explique comment les Équatoriens peuvent devenir riches sous la nouvelle loi grâce à des groupes de trafiquants dont le nombre croît dans le port principal, Guayaquil :

Entonces, las mafias del narcotráfico seducirían a las víctimas del sistema agobiadas por la miseria con un “mínimo pago” de $13,300 a $16,600, redondeados, por transportar dos kilos de droga avaluadas entre $133.333 y $166.666. ¡Manera rápida no sólo de salir del desempleo sino de enriquecerse y hasta convertirse en empresarios! A estos pobrecitos protege el presidente.

Ainsi, les cartels de drogues pourraient séduire les victimes d’un système rongé par la misère, en leur offrant la somme minimum d’environ 13300 à 16000 dollars, pour transporter deux kilos de drogue d’une valeur oscillant entre 133333 et 166666 dollars. Un moyen rapide non seulement pour sortir du chômage mais pour s’enrichir et devenir entrepreneur ! Le président protège ces pauvres gens.

Byron Moreno est toujours détenu à New York, sans possibilité de caution, dans l’attente d’une peine allant de dix ans d’emprisonnement à la perpétuité. L'Équateur garantira à Moreno un procès équitable aux États-Unis.

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