Ouganda : Un ministre accuse les médias sociaux de préparer une insurrection

Cette page fait partie de notre dossier central en anglais  Ouganda:  les manifestations Walk to Work.

(liens en anglais) En avril dernier, l'opposition ougandaise avait organisé les marches de protestation “walk to work” auxquelles le gouvernement du président Yoweri Museveni avait répondu violemment (en français) contre des manifestants sans armes.  Dix Ougandais étaient morts, pour la plupart tués par balle.

L'augmentation des prix de l'essence et de l'alimentation était à l'origine des manifestations. Après des mois de silence, l'opposition se prépare à relancer ces marches en réaction à l'aggravation de la situation économique depuis avril.

Mercredi 10 août 2011, la plate-forme d'opposition Activists for Change a organisé un rassemblement à Masaka, où une fillette de 2 ans avait été tuée pendant les manifestations du printemps dernier.  La police a rapidement dispersé les activistes avant que les leaders comme le Docteur Kizza Besigye et d'autres personnalités politiques puissent les rejoindre.

Quelques heures après le début des manifestations à Masaka, le ministre ougandais de la Sécurité, Muruli Mukasa, a confié aux médias que les manifestants étaient des “terroristes” et que l'opposition ougandaise utilisait Twitter, Facebook et YouTube pour monter une campagne contre les autorités et pour “préparer psychologiquement la population, et spécialement les jeunes, à une insurrection armée.”

Femmes ougandaises protestant à Kampala (Ouganda) contre les prix de l'essence et de l'alimentation. Photo reproduite avec la permission de @vote4africa.

Les réactions des Ougandais n'ont pas tardé à apparaitre sur Twitter.

Selon @IDEASUG, les média sociaux sont en train de devenir plus dangereux que les groupes terroristes :

@RosebellK J'apprécie la libéralisation de l'économie de marché.  Les médias sociaux sont rapidement en train de devenir plus dangereux que les groupes de terroristes…les média sociaux déclarés comme menace

@awetaka a relevé que les officiels du gouvernement ougandais n'utilisent pas les médias sociaux, et cela témoigne pour lui de leur peur d'un phénomène auquel ils ne comprennent rien.

@pjkanywa se demande pourquoi, alors que le gouvernement qualifie les manifestants de “terroristes”, les responsables des répressions de Kampala, le 11 juillet 2011, qui ont tué plus de 70 personnes, ne sont pas encore jugés.

@Opiaiya rappelle la réaction du gouvernement anglais aux manifestations et émeutes de Londres et fait le parallèle avec ces allégations du gouvernement ougandais :

Inquiétudes sur les média sociaux en #Uganda alors que l'ancien pouvoir colonial, #Britain, réfléchit à des mesures répressives sur le Net http://bbc.in/qpMnn1

L'opposition ougandaise utilise les médias sociaux plus efficacement que le gouvernement :

Pas de doute, l'opposition ougandaise utilise les médias sociaux bien plus efficacement que le gouvernement.  On a vu les dirigeants de l'opposition mettre à jour leur Facebook et leurs comptes Twitter pendant des affrontements avec la police.  Mais la réaction du gouvernement envers les médias sociaux a été lente et l'opposition a pris de l'avance dans la course à la diffusion de l'information.  Je me rappelle qu'en avril, quand les manifestations étaient à leur apogée, le porte-parole du président disait au Guardian que l'impact des médias sociaux ne les inquiétaient pas parce que “les fermiers ougandais ne savent pas ce que c'est.”

Le mois dernier, @dispatchug a publié une liste aléatoire de  100 utilisateurs de Twitter populaires en Ouganda.  La plupart sont des professionnels, des politiciens et des journalistes citoyens qui utilisent ce réseau pour approfondir la discussion sur la situation du pays. Le compte Twitter du président Museveni a un peu plus de 1 000 followers.

Le dirigeant du Parti Démocratique et ancien candidat aux élections présidentielles Norbert Mao publie sur Twitter tout au long de la journée.  Il a environ 900 followers.  D'autres figures de l'opposition comme @AnneMugisha du Forum for Democratic Change continuent à mettre à jour leur compte Facebook et comptes Twitter, même pendant leurs affrontements avec la police.

Le plus populaire des dirigeants d'opposition, @KizzaBesigye a plus de 500 followers mais a été inactif ces derniers mois.  Son profil sur Facebook est mis à jours régulièrement.

Le groupe Activists for Change est actif sur Facebook où de nombreuses photos des brutalités policières pendant les manifestations “walk to work” ont été publiées.


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