République centrafricaine : Des violences marquent l'approche des élections

[Liens en français] En République centrafricaine vont se tenir des élections parlementaires partielles le 4 septembre  2011. Des tensions sont apparues récemment, depuis qu'une marche organisée par un parti d'opposition s'est achevée dans la violence, quand de jeunes partisans du parti au pouvoir du Président Bozizé, le KNK, ont semé le trouble dans ce rassemblement.

Le pays est toujours en phase de convalescence après des conflits violents qui ont commencé à la fin des années 90, durant le régime du président Ange-Félix Patassé. Le 12 juin 2008, la République centrafricaine est devenue le quatrième pays à intégrer l'agenda de la Commission pour le rétablissement de la paix de l'ONU.

Opposition rally thwarted by violence. Image by centrafrique-presse blog

Un rassemblement organisé par l'opposition finit dans la violence. Photo du blog centrafrique-presse

La marche organisée avait pour but d'encourager au boycott des élections. L'opposition ne reconnait pas l'actuelle commission électorale et demande l'instauration d'une nouvelle commission. Le blog centrafrique-presse décrit les violences qui ont eu lieu pendant cette marche ainsi :

à l’arrivée sur les lieux vers 15h 30 heure de Bangui des organisateurs, des jeunes venant de Boy-Rabé soudoyés et rendus ivres morts par le KNK se sont infiltrés sur la place Marabéna et ont jeté des sachets incendiaires en plastique remplis d'essence, et comme nous avons éteint l'incendie, ils se sont mis à renverser le podium où devaient se tenir les dirigeants de l’opposition. Les forces de l'ordre pourtant présentes aux alentours ont refusé d'intervenir [..] le Secrétaire général du MLPC Samuel Stanislas ZOUMBETI a été blessé à la tête et aux pieds par jets de pierre ainsi que son adjoint Etienne MALEKOUDOU à la tête et à la mâchoire.

Le blog afreekelections confirme que le parti d'opposition MLPC a appelé au boycott des élections parlementaires du 4 septembre.

Radio Ndeke Luka sur le blog Journal de Bangui écrit que l'ambiance pré-électorale est triste et morose, car les activités pré-électorales brillent par leur totale absence :

A Bangui, dans les arrondissements et quartiers concernés par le scrutin partiel du 4 septembre prochain, c’est l’indifférence totale de la part des électeurs. Du côté des candidats, on dit bien prévoir des meetings, mais rien pour le moment. Cette ambiance morose est aussi constatée à Bossangoa (nord-ouest).

La blogueuse Juliette Abandokwe pose une question souvent entendue durant les élections sur le continent africain : “A quel point pouvons-nous nous fier aux résultats des élections qui s'annoncent ?”

Personne ne s’attend à ce que François Bozizé ne quitte le pouvoir librement et démocratiquement. Les moyens à disposition sont multiples et bien connus de tous, et sont régulièrement utilisés lors d’élections en Afrique en tout cas.
« Comment peut-on organiser des élections, y participer et les perdre en Afrique ? » disait Omar Bongo.
Les petits moyens locaux viennent en tête de la parade en vue de la fraude électorale massive que nous connaissons dans les pays de la Françafrique, et qui se répète à chaque échéance électorale.
Le premier petit moyen est la manipulation du nombre des personnes qui auront le droit de déposer leur bulletin de vote. En République centrafricaine, Bozizé a décrété publiquement et devant les médias internationaux, que le recensement du corps électoral est un petit problème et qu’il peut se faire en un mois. Or, ce n’est que des fabrications de listes électorales qui peuvent être produites en si peu de temps[..] Les Centrafricains sont en droit de s’attendre à un recensement électoral fait ouvertement et dans les règles, par la voie officielle, et surtout sur toute l’étendue du territoire national, effectué par une commission électorale indépendante

Juliette Abandokwe attire aussi l'attention sur les nombreuses arrestations arbitraires qui ont lieu dans la capitale, Bangui. Elle donne une liste d'au moins 11 personnes actuellement détenues à la prison de  Ngaragba.

Malgré l'agitation, le processus de rétablissement de la paix dirigé par l'ONU est toujours en cours. Une branche dissidente du parti d'opposition  (CPJP), a récemment décidé de rejoindre ce processus de paix. Le dirigeant de cette branche, Mahamat Sallé, était le leader d'un groupe de 500 hommes lourdement armés.

Radio Ndeke Luka écrit que Mahamat Sallé a confié, peu après avoir signé l'accord, que la raison qui avait poussé son groupe à prendre les armes en premier lieu était la protection de son ethnie :

la vraie raison qui a poussé à la création de son mouvement a été de défendre les intérêts de son ethnie en proie aux représailles de plusieurs groupes rebelles du pays ». Il interpelle le gouvernement sur cette question et lui demande de « veiller à la protection de ces êtres humains ».

Fleury Korsany ajoute aussi qu'une médiation est en cours pour résoudre un autre conflit frontalier avec le Tchad. Un groupe de rebelles tchadiens conduits par Baba Ladde est supposé avoir traversé la frontière de la République centrafricaine et avoir établi ses quartiers sur son territoire depuis trois ans.  Les relations entre les Tchadiens et les rebelles repliés en République centrafricaine ont toujours eu un impact important sur  la stabilité politique de la République centrafricaine.

Si l'on considère l'état de santé préoccupant du Président Bozize, il est d'autant plus important que les élections centrafricaines se déroulent dans un environnement stable et avec un processus de surveillance électorale crédible. Le représentant de la mission de l'ONU en Afrique Centrale (BONUCA), M. Abou Moussa, a déclaré qu'il est impératif que l'ONU renforce ses efforts pour promouvoir un dialogue politique dans cette région d'Afrique.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.