Elizabeth Rivera, auteur et traductrice de Global Voices

Elizabeth Rivera est arrivée en cette année qui s'achève à Global Voices et dès lors, elle n'a pas cessée de traduire pour Global Voices en espagnol, d'écrire ses propres articles tant pour  Global Voices en espagnol que pour Global Voices Online et de traduire aussi pour Global Voices en anglais. Curieux d'en savoir plus à son sujet, j'ai décidé de lui envoyer quelques petites questions auxquelles elle a volontiers répondu, d'où cette petite interview que je partage avec vous aujourd'hui.

Salut Elizabeth, parle-nous de toi. D'où es-tu ? Où habites-tu ? Que fais-tu ?

Salut ! Je suis une citoyenne du monde qui, par hasard et par chance, est née à Mexico City il y a un peu plus de 30 ans. Je vis dans une famille multiculturelle et en suis issue aussi. J'ai vécu dans 6 villes de trois pays et j'espère avoir la chance de pouvoir augmenter ce chiffre. Je me trouve à l'heure actuelle à  Santiago, au Chili et au quotidien – en plus de collaborer à Global Voices – je gagne ma vie comme expert marketing.

Comment as-tu connu  Global Voices et as-tu décidé de t'impliquer dans son travail ?

Avec la naissance du Printemps arabe, j'ai réactivé mon compte Twitter. J'ai commencé à suivre des personnes intéressantes qui postaient régulièrement, parmi lesquelles  @JustAmira. Le Twitbon qu'il avait sur sa photo de profil  a attiré mon attention et c'est ainsi que j'en suis arrivée à Global Voices. Je suis tombée immédiatement amoureuse du site en lisant les billets qu'il contenait et de sa raison d'être. J'ai vu le lien pour collaborer en tant que traducteur et je me suis dit : “c'est pour moi, je veux en être “. Le jour même, on m'a contactée et vous connaissez le reste de l'histoire.  Maintenan,  non seulement je traduis mais j'ai l'opportunité d'écrire mes propres articles. Je me sens très fière de faire partie de cette communauté et j'espère pouvoir continuer à en faire partie longtemps. J'ai beaucoup appris et j'ai connu des gens d'une grande valeur.

Elizabeth Rivera con su pequeña hija. 2011.

Elizabeth Rivera avec sa petite fille. 2011.

 

Comment fais-tu pour trouver le temps de traduire et d'écrire ?

Un peu de discipline, rien de plus. Quand je prends une traduction, je me fixe une date et une heure limite pour m'en occuper. Je ne prends rien d'autre jusqu'à ce que je l'ai terminé.  Lorsque j'écris quelques billets, je ne prends pas de traductions. En tout cas, je tape rapidement le clavier et je suis habituée à faire beaucoup de choses en même temps (tu sais, travailler, m'occuper de mon enfant, de mon mari, écrire, voir des amies, etc…)  :)

Tu nous a raconté que tu as vécu dans 6 villes différentes. Parle-nous de tes voyages !

Maintenant que je m'en souviens, il y en a 7 ! Au Mexique, j'ai vécu à Mexico City, à Cuernavaca, à San Cristóbal de las Casas et à Cancún. Aux États-Unis, j'ai vécu à  Irvine et à Chino, deux villes de Californie.  Au Chili, seulement à Santiago. Mexico City  est la ville où je suis née et où j'ai mes racines, ma famille, mon identité. J'ai étudié durant plusieurs années en Californie. C'est aussi un endroit où je me sens chez moi car la famille de ma mère y vit et c'est là, avec eux, que j'ai passé les vacances durant mon enfance. A San Cristóbal (ou SanCris comme on le dit avec tendresse), j'ai eu l'opportunité de travailler dans une communauté tzeltal productrice de café pour les aider à monter un commerce qui leur permettrait de faire vivre durablement le village. C'est une communauté située au milieu de la zone zapatiste, très pauvre matériellement parlant mais extrêmement riche culturellement parlant aussi. Cela a été l'une des expériences les plus enrichissantes et les plus profondes que j'ai eues de ma vie. C'est pourquoi, de toutes les villes que j'ai mentionnées, SanCris a une place spéciale dans mon cœur.

Elizabeth Rivera en Dublin, Irlanda.

Elizabeth Rivera à Dublin en Irlande

 

Changeons de sujet. Comment vois-tu le mouvement étudiant chilien ? Les négociations entre eux et le gouvernement aboutiront-elles à quelque chose ?

Le mouvement étudiant chilien de 2011 est la seconde partie de la “Révolution des Pingouins de 2006. De fait, je suis sûre que beaucoup de ceux qui ont participé à ces manifestations sont les leaders de l'actuel mouvement. Il me semble que, bien qu'il y ait de nombreuses autres causes importantes, celle-ci est celle qu'a choisie la société chilienne pour exprimer son mécontentement contre les inégalités et je crois qu'elle est juste.  L'éducation est la base  de toute société. Le système actuel ne procure pas d'accès à une éducation de qualité pour toute la société, du financement jusqu'à l'évaluation, la formation et l'aide aux professeurs quelque soit le type d'école mais principalement les écoles publiques. Ce n'est pas seulement le problème des universités, il s'agit  de commencer à chercher les problèmes internes dès le jardin d'enfants.

Il me semble que si le Chili veut continuer à croître et aspire à être une nation développée et inclusive de tous les citoyens, il doit avoir un système éducatif pour accompagner ces objectifs. Je crois que les deux camps, le gouvernement et les étudiants (ou pour être plus exact, la société en général) cherchent le meilleur pour le pays. Ce doit être cela qui doit prévaloir à la table des négociations. Maintenant, si l'on souhaite parvenir à une vraie solution, le gouvernement devra cesser d'offrir des réponses “provisoires” comme augmenter les bourses ou baisser les taux d'intérêts des prêts étudiants qui, si elles aident bien, ne s'attaquent pas au problème à la racine ; et les étudiants devront comprendre que le changement ne se fait pas du jour au lendemain et s'ouvrir à d'autres possibilités. Les jeunes ont déjà déclenché un appel au changement, maintenant c'est au tour du gouvernement actuel de profiter de cette opportunité en or qu'il a devant lui pour marquer positivement l'histoire du Chili.

Et à quoi crois-tu que l'on doive le fait que le gouvernement ne veuille pas céder sur le fondement de son modèle éducatif ?

Les raisons peuvent être nombreuses. Tant personnelles qu'idéologiques. Je crois que plusieurs personnes au gouvernement croient réellement qu'une telle réforme de fond n'est pas nécessaire (nous, nous pensons que c'est un modèle éducatif néolibéral, qui est en accord avec la philosophie de la droite). D'autres ont “peur” de toucher  aux lois fiscales ou pensent qu'une réforme serait quelque chose de trop compliqué et/ou de trop coûteux. Quelques-uns, par ailleurs, voient cela simplement comme un affront fait au gouvernement plus qu'un besoin indépendant de l'équipe au pouvoir. Et certains, certainement, ne veulent pas lâcher prise. Le statu quo est plus facile et commode. C'est peut-être pourquoi durant ces nombreuses années sous la droite, rien n'a été fait non plus pour modifier ce système.  Enfin, du moins cette fois, les manifestations ont réussi à porter la discussion vers des sujets plus profonds et n'ont pas perdu leur intensité, ce qui est un plus par rapport au mouvement précédent.

Comment évalues-tu l'utilisation ou l'incidence des nouveaux médias sur le mouvement étudiant ?

Les nouveaux médias ont été la clé permettant d'ouvrir la discussion et d'y inclure tous les citoyens. Celui qui le désire peut donner son opinion, débattre, proposer. C'est toujours bon pour une démocratie. Les forums et les journaux citoyens ont mis aussi à la disposition des internautes d'autres manières d'analyser les évènements bien au-delà de ce que font les médias traditionnels, lesquels se sont principalement focalisés sur la couverture des débordements des manifestations plus qu'autre chose. Au début même de ce mouvement, ils ne couvraient même pas les manifestations en donnaient aucune information,  alors que dans les rues, il y avait des milliers de manifestants. Comme dans le reste du monde, les nouveaux médias ont ouvert de nombreuses portes de discussion qui n'existaient pas auparavant.

Elizabeth Rivera en Angelmó, Puerto Montt, Chile, 2010

Elizabeth Rivera à Angelmó, Puerto Montt au Chili, 2010.

Pourquoi es-tu bénévole pour  Global Voices et non dans une autre ONG ?

Pour moi, être en lien dans tous les sens du terme est quelque chose d'important. Ce fut la raison pour laquelle j'ai choisi ma carrière et pour cela que j'aime voyager. Plus nous sentons notre interdépendance avec notre prochain, plus il nous sera facile de nous mettre à la place des autres, de les comprendre, de les respecter et de nous ouvrir aux autres possibilités.  Global Voices m'a permis et permet à ses lecteurs de comprendre les cultures, les manières de penser et l'actualité par le biais d'autres regards, ce qui est extrêmement enrichissant, permet de resserrer les liens et de faire disparaître les frontières  – à commencer par celle de la langue.

Pour terminer, parle-nous de tes activités favorites lorsque tu arrêtes de travailler et de collaborer.

J'adore voyager si bien que je suis toujours en train de m'imaginer et de planifier l'”escapade” suivante. Mon mari, ma fille et moi avons l'habitude de prendre notre valise le vendredi et de revenir le dimanche, pour nous cela ne nous pose pas problème. Nous aimons découvrir des lieux du point de vue “local” si bien que nous explorons les marchés, demandons au chauffeur de taxi  “où manger sans présence de touristes” et si nous y avons un ami, tant mieux ! Pour nous, c'est de l'argent mieux dépensé. En fait, je vis intensément ma phrase préférée : “le monde est trop intéressant pour rester en un seul endroit tout le temps”.  J'aime aussi lire, principalement des romans historiques bien que depuis la naissance de ma fille, je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à la lecture. J'aime jouer avec elle et lui montrer de nouvelles choses, voir comment elle apprend. Comme toute bonne Mexicaine, j'aime organiser des sorties et faire des projets avec des amis assez souvent. Il est commun de voir des gens chez moi déjeuner ou prendre le soir une bière. Tous savent qu'ils n'ont qu'à venir.

Merci Eli ! Et pour que vous voyez que c'est vrai qu'on peut venir, notre rédactrice en chef régionale, Silvia Viñas, a fait un  petit saut pour la rencontrer  et bavarder brièvement avec elle, une rencontre dont il nous reste en souvenir cette petite vidéo.

 

Et continuez de suivre  Elizabeth sur Twitter: @elimaguire.

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