Gabon : Réactions des blogueurs africains à la mort du Président Omar Bongo

Dimanche soir, les médias français ont annoncé la mort du Président gabonais Omar Bongo, à l'âge de 73 ans, après 41 années de pouvoir. Le journal français Le Point rapportait qu'il avait appris sa mort, suite à un cancer, dans une clinique privée de Barcelone, par “une source proche de l'entourage du Président”. De son côté, l'AFP évoquait une source du gouvernement français. Ce matin, 8 juin, le Premier Ministre gabonais Jean Eyeghe Ndong a déclaré à Gabonese TV qu'il avait été “très surpris” [en anglais] de lire ces informations. Cette après-midi, il confirmait la mort du chef de l'état, “à 14h”.

Omar Bongo

Lors de l'admission d'Omar Bongo à la clinique Quirón de Barcelone en mai, un commentaire d'Akin posté sur le blog African Loft avait prédit [en anglais] sa mort loin de ses sujets :

Que le Gabon n'ait pas d'hôpital capable de soigner [le Président] ou sa femme en dit beaucoup sur ce lamentable régime de 42 ans.

Quel type de pouvoir est celui qui ne peut apporter de bénéfices appréciables à son peuple tandis que ses dirigeants s'envolent pour l'étranger au moindre souci de santé ?

L'incapacité à améliorer les infrastructures, l'éducation, la santé et à [permettre des] opportunités est l'accusation que l'on peut porter à l'encontre de tous les dirigeants africains.

Quand devront-ils rendre des comptes pour les années de mauvais service ?

[…] La morale de cette fable n'est pas africaine dans son contexte, le roi ne devrait pas mourir dans son palais entouré de ses sujets qui “l'adorent” mais dans une coûteuse et anonyme chambre d'hôpital, entouré d'étrangers.

Le blogueur togolais Rodrigue Kopgli, du blog Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique, a surnommé Bongo “l'un des derniers crocodiles de la Françafrique“:

Ami de tous les gouvernements français depuis De Gaulle, Albert-Bernard Bongo devenu El Hadj Omar Bongo puis Ondimba (le peuple lui réclame du changement démocratique, il lui offre des changements de nom personnel), n’a jamais cessé d’être l’Agent des Services secrets français qu’il était à sa prise du pouvoir. Fort de sa longévité et de la fortune amassée au sommet du Gabon, Le Hadj s’octroie le luxe de financer des campagnes électorales en France notamment celle de François Mitterrand comme l’a écrit Pierre Péan dans « Affaires africaines ». Il laisse aussi un gigantesque parc mobilier et immobilier en France et des comptes bancaires secrets qui bien évidemment font et feront le bonheur des paradis fiscaux qui les hébergent. Le peuple gabonais pendant ce temps manque de tout. Avec un tel bilan, la terre ne lui sera pas légère du tout. Et les Africains qu’il prétendait cyniquement représenter ne se mettront pas en deuil, non plus.

Citant le précédent togolais, Rodrigue Kopgli doute que la mort de Bongo apportera un changement :

La mort de Bongo n’apportera rien de salutaire au peuple gabonais, car les héritiers Ali et Pascaline Bongo sont déjà positionnés et portés par Bolloré – ami personnel de Sarkozy – et de Christophe de Margerie de TotalFinaElf et de bien d’autres vampires pour capter le pouvoir, comme ce fut le cas du Togo où les fils du défunt Gnassingbe ont été portés au pouvoir sous le double poids du viol et des violences.

Le blogueur ivoirien Théophile Kouamouo, qui mentionne également le Togo, parle avec prudence de l'après-Bongo et s'interroge sur le futur de la Françafrique :

Maintenant que le “patriarche” n'est plus, l'on entre dans l'ère des incertitudes et des questionnements. Le schéma constitutionnel – remise du pouvoir à la présidente du Sénat puis élections – sera-t-il respecté ? Va-t-on vers un schéma de bataille fratricide à la togolaise […]? L'armée gabonaise, totalement invisible, entrera-t-elle en scène ?

Puis profondément, quel est le bilan d'Omar Bongo Ondimba ? Après sa mort, la Françafrique, dont il était le pilier, s'affaiblira-t-elle ? Pour ma part, je pense que oui – mais peut-être que je m'avance trop. Ce système-là était trop centré sur un certain nombre d'hommes, de petits secrets, de règles de départ qui n'existent plus, pour perdurer éternellement.[…]

La Françafrique s'affaiblira, mais la démocratie avancera-t-elle ? L'Afrique se retrouvera bientôt face à son destin et aux contradictions de son Histoire. Personne ne l'aidera à en démêler les noeuds. Mais observons d'abord ce qui se passera dans les prochains jours au Gabon.

Emmanuel Bellart du Cameroun exprime son soulagement :

Dieu merci, car un autre est parti, l'afrique commence à respirer petit à petit, il ne fallait plus que ça pour que l'afrique puisse finalement ouvrir les yeux, monsieur omar bongo qui a mit 41 ans au pouvoir, ce qui est iraisonnable nous a montré combien ces vieux de la france voulaient vraiment detruire l'afrique, c'est claire que personne ne doit souhaiter la mort d'un être humain, mais d'un côté, c'est un soulagement pour le peuple gabonais, sauf qu'il y'avait une chose que monsieur bongo devait faire, c'est organiser le pouvoir et non de le preparer pour ses enfants […]

adieu le doyen, laissons le pouvoir au peuple et non à une personne, quand tu t'accapare du pouvoir , tu meurs et on t'oublie.

Sur le portail d'informations Gaboneco, Ogwera, lecteur gabonais, a publié un commentaire réclamant des élections démocratiques :

Je suis un citoyen gabonais et j'exige des élections dans le strict respect de la constitution de La République!!!! et je dis non à ceux qui appelle la france à se mêler de la politique gabonaise notamment BEN MOUMBAMBA qu'on ne connait pas et qui pourrait être un pion de cette france! Les gabonais doivent s'unir et rester vigilants!

Un roi qui échoue à régner avec probité mourra prochainement en disgrâce, chacun poussant un ouf de soulagement – Bon débarras! A tous.

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