Côte d'Ivoire: la difficile succession d’Houphouët-Boigny

Two men lay claim to the Ivorian Presidency. Left, Alassane Ouattara, right: Laurent Gbagbo. Both images by Stefan Meisel, copyright Demotix (28/11/10).
Alassane Ouattara – Laurent Gbagbo. Photos de Stefan Meisel, copyright Demotix (28/11/10).

Afin de mieux comprendre les origines de la crise politique actuelle en Côte d'Ivoire, il est nécessaire  de replacer les événements récents dans le contexte historique de l'ère post-coloniale.  Félix Houphouët-Boigny fut le premier président de la Côte d'Ivoire de son indépendance en 1960 à sa mort en 1993. Henri Konan Bédié, président de l'Assemblée nationale et lui succède en vertu de la Constitution ivoirienne. En 1995, Henri Konan Bédié se succède à lui même, en étant  élu avec 96,44 % des suffrages.

Laurent Koudou Gbagbo avait appelé un boycott de cette l'élection présidentielle, en raison de la réforme du Code électoral. Il sera élu député dans sa circonscription lors des législatives qui suivent cette présidentielle son parti le FPI remportant cinq des huit sièges à pourvoir.

Le général Robert Guéï renverse le président Henri Konan Bédié le 24 décembre1999 (ce dernier voulant modifier la constitution en sa faveur).

Des élections présidentielles sont organisées en 2000, elles sont remportées par Laurent Koudou Gbagbo mais elles sont marquées par l'élimination par la Cour suprême de plusieurs candidatures, dont celle d’Alassane Ouattara — pour cause de « nationalité douteuse », faux et usage de faux sur la filiation — et de l'ancien président Konan Bédié. Les résultats sont fortement contestées par Robert Guéï.  Quelques heurts entachent cette période  mais Robert Guéï finit par reconnaitre la légimité de Laurent K. Gbagbo dont le FPI gagne une majorité de 91 sièges au Parlement (contre 70 et 16 à l’opposition).

Alors qu’il est à l’étranger des soldats essayent de le renverser en septembre 2002. Lors de ce putsch, diverses tentatives d'assassinat ont lieu contre des personnalités politiques dont Alassane Ouattara. S’ensuivent plusieurs années difficiles.

Il faudrait rajouter que Laurent Koudou Gbagbo en tant qu’opposant a fait de la prison lorsque Alassane Ouattara était le premier ministre d’Houphouët-Boigny (arrêté en février 1992, condamné à deux ans de prison mais libéré en août).

C’est dans ce contexte que des élections sont organisées par la communauté internationale en décembre 2010.

Actu et Opinions nous fait le “Récit d'une folle semaine en Côte d'Ivoire

Dimanche 28 novembre 2010

Second tour de l'élection présidentielle. Trois personnes tuées et plusieurs incidents localisés. Les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir empêché leurs électeurs de voter dans certaines régions. La veille, un couvre-feu nocturne avait été instauré par un décret de Laurent Gbagbo.

Mardi 30 novembre 2010

Les commissaires centraux de L Majorité Présidentielle au sein de la commission électorale ont empêché physiquement l’annonce de résultats partiels du second tour.Alors que le porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI) Bamba Yacouba s’apprêtait à communiquer des premiers résultats partiels pour les régions du pays, l’un des deux représentants du président-candidat au sein de la commission, Damana Adia Pickass, lui a arraché les feuilles de résultats des mains avant de les déchirer.

« Ces résultats sont faux, ils n’ont pas été consolidés! », ont affirmé à plusieurs reprises les deux hommes, dénonçant un « hold-up électoral » devant de très nombreux journalistes. Après cet incident, le porte-parole a assuré à la presse que ces résultats étaient « bel et bien consolidés », avant de s’éclipser entouré de gendarmes.

Alors que les résultats du second tour il se passe cette scène ubuesque : un partisan de Laurent Gbagbo arrache et déchire la liste que lisait le porte-parole de la Commission Électorale Indépendante.

Cela signifie t-il que Laurent Gbagbo aurait perdu comme semblent le suggérer certains sous le hashtag #CIV2010.

Il s’avèrera que plus tard que c'était pour empêcher que les résultats ne soient proclamés à temps (il y avait une heure butoir : 1 décembre 00H00).

Le 2 décembre à 17H54, la Commission Électorale Indépendante annonce (avec plusieurs heures de retard et hors ses locaux, car il semblerait que ses représentants aient été menacés) qu'Alassane Ouattara avec 54,1 % des suffrages, remporte les élections.

Poursuivons toujours avec Actu et Opinions :

Jeudi 2 décembre 2010

La CEI annonce la victoire d’Alassane Ouattara avec 54,1% des voix. Huit morts lors d'une attaque nocturne dans une permanence du RHDP à Abidjan. Les autorités ferment les frontières et interdisent la diffusion des chaînes de télévision étrangères d'information. Dans la foulée les sms sont aussi coupés.

19H37, le Conseil Constitutionnel invalide les résultats.

Les utilisateurs de twitter signalent que la Cour Constitutionnelle n’est pas indépendante : Paul Yao-Ndré, son chef est le directeur de campagne de Laurent Gbagbo http://bit.ly/fYgvdU

21h56 Les médias étrangers suspendus et les frontières fermées.

#CIV2010 pensait que le Conseil Constitutionnel aller « au grand pire invalider les résultats du nord mais en aucun cas n’oserait proclamer la victoire de Laurent Gbagbo qui ne peut de toutes les façons pas gagner dans cette partie du pays ».

Il y a 400.000 voix de différence.

Les 400.000 voix de différence entre les deux candidats ne peuvent pas s'expliquer uniquement par la fraude peut-on lire sur #CIV2010.

Toujours avec Actu et Opinions

Vendredi  3 décembre 2010

Laurent Gbagbo est proclamé vainqueur avec 51,45% des suffrages par le Conseil constitutionnel. L'ONU, l'Union européenne, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne reconnaissent la victoire de Ouattara.

Commentaires sur #CIV2010

Le Conseil Constitutionnel qui avait 7 jours pour statuer a eu le temps de faire toutes les investigations dans toutes les régions en moins de 24 heures et déclarer Laurent Gbagbo vainqueur avec +51% des voix.

Lors de l’investiture de Laurent Gbagbo, l'ambassadeur du Liban et un représentant de l'ambassade d'Angola sont les diplomates présents.

Alassane Ouattara prête serment en envoyant un courrier pour en informer le Conseil Constitutionnel. Guillaume Soro (1er ministre de Laurent Gbagbo) vient lui présenter sa démission, il le renomme 1er ministre.

Chacun de son côté les deux présidents nomment leur gouvernement respectif.

Toujours avec Actu et Opinions

Samedi 4 décembre

Durant le couvre-feu, deux personnes sont tuées dans le quartier de Port-Bouët, dans le sud d’Abidjan, où se sont affrontés des partisans des deux camps.  Laurent Gbagbo est investi chef de l'État, pendant qu’Alassane Ouattara prête serment par courrier “en qualité de président”. Guillaume Soro devient Premier ministre de Ouattara.

Pour l'instant seuls l'Angola, la Lybie et la Russie soutiennent Laurent Gbagbo.

L’Union africaine envoie Thabo Mbeki pour des médiations, il a été accueilli par les services diplomatiques sud-africains en l'absence d'officiels ivoiriens.

Toujours avec Actu et Opinions

Dimanche 5 décembre 2010

Arrivée de Thabo Mbeki, médiateur dépéché par l'Union Africaine pour calmer la situation en Côte d'ivoire.

#CIV2010, les commentaires ne sont pas impressionnés par Monsieur T. Mbeki, prédisent l’échec de cette médiation car Thabo Mbeki avait dit que le sida était une invention des blancs qui pouvait se soigner au jus de betterave

Toutefois, sur #CIV2010 on peut lire une certaine angoisse depuis que Laurent Gbagbo a nommé comme ministre de la jeunesse et de l'emploi: Charles Blé Goudé (que certains surnomment Blé Goudé, la machette) violent hyper-nationaliste chef des milices de jeunes.

Aux partisans de Laurent Gbagbo qui disent que les pays étrangers n’ont pas à se mêler de la situation en Côte d’Ivoire, il a été répondu sur #CIV2010 que :

La certification de l’ONU est fondée puisqu'elle a été acceptée par toutes les parties avant le scrutin.

L'ONU n'a pas désigné de vainqueur, elle a juste démontré que même en enlevant les régions contestées A. Ouattara était toujours vainqueur.

Quand la Russie et l'Angola prennent position pour Laurent Gbagbo, ce dernier ne parle ni de souveraineté et ni d’ingérence.

La sécurisation du scrutin a été faite par L'ONU, les FANCI, la licorne et les FAFM pourquoi n’avoir pas parlé de souveraineté.

Le débat est également riche sur les différents forums.

Madior Fall écrit : Pas de « jurisprudence Gbagbo » !

L’Afrique et les Africains ont résolument emprunté le chemin de la démocratie et du progrès et ils balayeront un à un tous les apprentis dictateurs qui polluent leurs Etats et ralentissent leur marche vers le développement.  Le précédent ne saurait passé. Il n’y aura pas de « jurisprudence Gbagbo » !

MMB dénonce la schizophrénie des Africains sur LePost : « Crise en Côte d’Ivoire : quand la France rend les Africains schizophrènes » :

Il apparaît qu'une écrasante majorité d'Africains vivant … dénoncent vigoureusement le hold-up électoral perpétré par Laurent Gbagbo. Un coup fatal porté contre un long processus démocratique auquel tous les Ivoiriens avaient placé beaucoup d’espoir. D'autres internautes semblent justifier ce coup de force lorsqu’ils l’examinent à l’aune des relations incestueuses instaurées entre la France et l’Afrique. Et le crime, à leurs yeux, semblent procéder du soutien que la France a toujours apporté à Alassane Ouattara qui, de fait, apparaît comme un homme lige, un parangon de la Françafrique, au même titre qu’Ali Ben Bongo au Gabon ou Faure Eyadema au Togo.

Même les comiques s’en mêlent : Clash for Laurent Gbagbo, Président of Cote D'Ivoire

A cette date, la situation en Côte d'Ivoire reste toujours très volatile et les Ivoiriens tout comme le reste du monde attendent avec anxiété un dénouement encore incertain.

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