Zimbabwe : A quoi doit-on s'attendre ?

Alors que le Zimbabwe se dirige peut-être vers des élections plus tard cette année, les internautes ont choisi d'aller sur la Toile exprimer leurs opinions sur la politique, la violence et l'économie, ce qui serait impensable dans les médias traditionnels du pays. Le fait que les élections soient organisées par le Président Mugabe, malgré l'opposition d'institutions aussi variées que la Communauté de développement d’Afrique australe [SADC], des associations de la société civile et d'autres partis politiques du Zimbabwe, provoque des débats et la crainte que ce sera juste une autre élection africaine qui sera marquée par de graves violences et un bain de sang.

Une affiche de la campagne de Morgan Tsvangirai (Premier ministre du Zimbabwe) en 2008. Photo concédée par l'utilisateur de Flickr frontlineblogger (CC BY-NC-SA 2.0)

La liste archaïque des électeurs qui contient les noms des personnes qui peuvent voter est un des points principaux de discussions parmi les partis politiques ainsi que des blogueurs [les liens sont en anglais].

Gilbert Muponda estime que le dollar zimbabwéen ne pouvait pas attendre longtemps des élections:

Une caisse d'émission monétaire (‘currency board’) empêche les gouvernements et les banques centrales de manipuler la monnaie. Elle fonctionne le mieux quand elle est indépendante et a pour seul objet de fournir aux citoyens un moyen de paiement stable.

Certains ne sont pourtant pas favorables à une monnaie locale. “Attendons la prochaine élection,” disent-ils, à l'évidence absorbés par la paralysie politique vers laquelle le pays se dirige rapidement. La tendance historique en Afrique est que les élections sont vigoureusement contestées même après qu'elles ont eu lieu.  Ce qui provoque de longues périodes d'instabilité que les citoyens devraient prendre en compte laissant de côté les intrigues des hommes politiques.


Kubatana reprend les commentaires
de Clifford Chitupa qui a écrit un billet sur la signature récemment d'un accord pour un crédit de 100 millions de dollars américains de la Chine pour la création d'un “centre d'espionnage” de dernier cri:

Les membres du parlement du Zimbabwe ont commis une bourde en ratifiant le crédit de 98 millions de de dollars pour un centre d'espionnage mercredi 1 juin 2011. Ils devraient savoir mieux que le pays ne peut pas faire face au crédit chinois de plusieurs millions de dollars et que le Zimbabwe n'a pas besoin d'un collège de défense avant de donner le feu vert au projet suspect de la Zanu-pf. Bien que la signature ait été précédée d'un ‘débat houleux’, ironiquement les députés n'ont pas entendu le même jour l'appel du Fonds des nations unies pour l'enfance (UNICEF) pour une somme de 6 millions de dollars pour continuer à traiter les eaux dangereuses du Zimbabwe.

Il semble que les parlementaires n'aient pas d'yeux pour cela car l'UNICEF a déjà dépensé 40 millions d'aide aux programmes pour l'eau et l'assainissement au Zimbabwe, un besoin vital pour tout le monde indépendamment de l'affiliation politique, contrairement au centre pour l'espionnage. On aurait pu penser que les conseils de Bill Gates aux pays africains de travailler encore plus pour avoir des vaccins vitaux pour les enfants afin de sauver des millions de vies auraient été entendus (AFP, 17/05/11). Le fondateur de Microsoft et philanthrope, M. Gates, lui, a joint l'acte à la parole.

Il continue:

Pour le Zimbabwe, c'est le moment le moins indiqué pour accepter un crédit parce que la dette intérieure et extérieure du pays s'élevait à 7,1 millions de dollars au 31 mars 2011. A 105 pour cent du Produit intérieur brut, cela veut dire que chaque Zimbabwéen est débiteur de 500 millions de dollars ! Il apparait que les dirigeants de ce pays ont ignoré pour le moment le conseil donné par le vice-président de la Banque africaine de développement pour les opérations, Aloysius Uche Ordu, qui a dit:

“Le paiement des arriérés de dettes est très important parce que c'est le seul moyen d'impliquer les institutions multilatérales de financement” (AFP, Jan 18, 2010).

Il faudrait rappeler aux parlementaires que les électeurs seront plus sensibles aux problèmes quotidiens comme les coupures de courant de la ZESA et ses tarifs exorbitants, au chômage, à la faim, à la fourniture irrégulière d'eau, au réseau routier plein de nids-de-poules, aux services de santé et autres insuffisances qu'au nombre d'espions sortis du collège chinois. Les députés auraient dû refuser de ratifier l'accord pour ce crédit pour la simple raison que le pays ne peut pas se permettre d'y faire face.

Elizabeth Nyamuda crée un lien vers le billet d'un blog qui signale ironiquement que 16 800 électeurs zimbabwéens sont âgés de plus de 110 ans et sont tous nés le jour de l'an 1901.

D'autre part, Andrew Field traite du rôle des généraux sur la scène politique du Zimbabwe. Et comme les élections approchent, l'attention est pointée sur les généraux de l'armée qui ont prêté allégeance au dirigeant éternel, Robert Mugabe. Les généraux se trouvent même parmi les membres de la Commission électorale du Zimbabwe qui organise les élections et cela provoque les préoccupations d'Andrew Field :

Les préoccupations montent au Zimbabwe sur la prédominance des militaires dans la gestion des affaires du pays. Naturellement, il n'y a aucun mal que d'anciens officiers occupent des positions en politique ou dans le commerce, s'ils ont la capacité de le faire, mais on assiste à une action déterminée d'occuper des postes stratégiques dans les entreprises publiques de la part de ces hommes forts. On devrait être indulgent avec ceux qui poseraient la question “Pour quelle raison ?” Ce serait plutôt naïf de leur part s'il la posaient. Ce que nous voyons au Zimbabwe est un coup d'état en douceur, graduel et non violent, mais il s'agit d'une infiltration militaire dans le pouvoir lourde d'intimidation.

Les coups d'état n'arrivent pas qu'en Afrique, ils n'y sont pas non plus nouveaux. Le plus ancien coup d'état a eu lieu en l'an 509 avant J. C. lorsque les membres de la dynastie Tarquin sous la direction de Lucius Brutus ont renversé l'empereur romain pour instaurer la république de Rome. Il y en a eu plusieurs depuis. L'Afrique a enregistré 114 coups d'état, le premier ayant eu lieu en Éthiopie en 1910, lorsque l'Impératrice Taytu régente de l'Empereur Menelik II a été renversée. On se souviendra de l'Égypte à cause de l'un  des premiers coups d'état par lequel, en 1952, Muhammad Naguib et Gamal Nasser renversèrent le roi Farouk, débouchant plus tard sur la Crise de Suez.

Et le blog Sokwanele publie The Anatomy of Terror report (Rapport sur l'anatomie de la terreur) qui a été écrit par les militants pour les droits civiques et des chercheurs du Zimbabwe:

Au cours de la décennie 2000, il y a eu un nombre élevé de rapports décrivant de manière détaillée la violence et les graves violations des droits humains qui ont accompagné la crise zimbabwéenne. Dans tous les rapports – à part ceux commandités par la propagande du gouvernement de l'ancien ZANU PF – il a été mis au clair que la majorité des victimes étaient des membres du MDC [maintenant MDC- T] ainsi que des membres des organisations militantes pour les droits civiques comme la NCA, la ZCTU, WOZA et d'autres. Il a été aussi clair que dans la majorité des cas, les auteurs étaient des partisans du ZANU PF, la milice des jeunes, les soit-disant “vétérans de la guerre” et surtout, ce qui est plus grave, des agents de l'état comme la police, l'armée et la CIO.

De la discussion des internautes zimbabwéens sur les élections à venir, les violences politiques et le rôle des militaires dans la politique, émerge la question : “Les politiques écoutent-ils ?”

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