La police tue un étudiant au cours d'une manifestation en République Dominicaine

Après que le projet de réforme fiscale [en anglais], qui a provoqué le mécontentement de la société civile, du monde des affaires et des syndicats, ait été soumis au vote du Congrès national, de nombreuses réactions se sont organisées en opposition à ce projet de loi [en espagnol]. Depuis le 4 octobre, date à laquelle le projet de loi a été présenté, plusieurs manifestations ont éclaté. Depuis le mardi 6 novembre, les manifestations citoyennes se sont intensifiées, rassemblant chaque jour de plus en plus de monde.

Le jeudi 8 novembre, l'université autonome de Saint-Domingue, seule université publique du pays, a été le théâtre d'un de ces mouvements de contestations antigouvernementales. Mais, comme à chaque fois, et malgré une législation qui interdit ces pratiques, les étudiants se sont trouvés confrontés à une unité armée de policiers, causant la mort de William Florián Ramírez, âgé de 21 ans [en espagnol]. Etudiant en troisième année de médecine, il a tué par une balle dans la poitrine.

El estudiante asesinado, Willy Florian, siendo llevado por encapuchados fuera de la zona de disturbios.

Willy Florián, l'étudiant tué par balle, est emmené loin du lieu des affrontements par des personnes portant des cagoules. Cette image a été largement diffusée sur internet.

Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que des signes d'indignation n'apparaissent sur les réseaux sociaux ainsi que sur les ondes de radios pirates. Elizabeth Mateo, qui milite pour la défense des droits civiques et qui a obtenu que 4% du PIB soit dépensés pour l'éducation, a publié le commentaire suivant sur Twitter :

@ElizabethMateo: Condeno la muerte del estudiante de la UASD. Exijo justicia.

@ElizabethMateo: Je condamne le meurtre de l'étudiant de l'université de Saint-Domingue et je demande justice.

De même, l'enquêteur Olaya Dotel, qui est également consultant et chroniqueur, a déclaré :

Des jeunes appellent à la mobilisation citoyenne .

Des jeunes appellent à la mobilisation citoyenne. Image provenant du Centre Bonó et reproduite avec autorisation.

@OlayaDotel: Los corruptos que hoy controlan el Estado no valen una gota de sangre de nuestros jóvenes… Ni uno más!!!

@OlayaDotel: Ces individus corrompus qui sont à la tête de l'état ne valent pas une seule goutte de sang de nos jeunes citoyens… pas une de plus !

La polémique a pris tellement d'importance que René, chanteur du très populaire groupe porto-ricain Calle 13 [en anglais], a également donné son opinion sur l'incident :

@Calle13Oficial: El mundo está mirando a República Dominicana esperando que se haga justicia por el asesinato del joven estudiante de medicina Willy Warden!

@Calle13Oficial: Le reste du monde a les yeux tournés vers la République Dominicaine, espérant que justice sera faite concernant la mort de Willy Warden, jeune étudiant en médecine !

Tous ces incidents ont eu lieu dans un contexte de précarité économique et de fortes tensions sociales, alors qu'au même moment,

Des jeunes munis de pancartes manifestent devant le congrès national contre la réforme fiscale .

Des jeunes munis de pancartes manifestent devant le Congrès national contre la réforme fiscale. Image provenant de la page du Centre Bonó, utilisée avec leur autorisation.

la ministre de l'éducation, Josefina Pimentel, augmentait son propre salaire de 62% [en espagnol], passant de 185 000 à 300 000 pesos dominicains par mois, soit l'équivalent d'un salaire mensuel de 7500 dollars.

Combiné à d'autres facteurs déclencheurs, cet événement, loin de décourager les mécontentements, a donné un souffle nouveau à l'esprit de révolution. Un groupe d'une centaine de personnes, incluant des personnalités publiques et des journalistes connus, se sont rassemblés devant le bâtiment de la Global Foundation for Democracy and Development [en espagnol] (FUNGLODE, Fondation mondiale pour la démocratie et le développement), un organisme crée par le précédent président Leonel Fernández Reyna, considéré comme étant responsable d'avoir ruiné le pays au cours de ses huit années au pouvoir (voir la vidéo sur YouTube) [en espagnol].

Les manifestants ont allumé des bougies dans la rue et ont chanté ensemble et à tue tête leur mécontentement. C'est sur Twitter que l'évènement a été le plus médiatisé, avec la création de groupes sous le hashtag #FrenteaFunglode. La journaliste Maribel Hernández a relaté l’événement depuis son compte Twitter :

@MaribelNexos: Policía Nacional una banda criminal, vocifera la masa #FrenteaFunglode.

@MaribelNexos: La police nationale est un gang de criminels, voilà ce que crie la foule du #FrenteaFunglode .

@MaribelNexos: La masa grita La Fundación Global verguenza nacional.  #FrenteaFunglode #FrenteaFunglode

@MaribelNexos: La foule crie : « Fondation mondiale, honte nationale ». #FrenteaFunglode #FrenteaFunglode

Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Internet a été inondé de nombreuses initiatives citoyennes et individuelles particulièrement créatives, sous forme de publicités et d'images dénonçant les amis du gouvernement et l'administration en place, comme celles que vous pouvez voir ci-dessous. Dans le même esprit, de nombreuses mobilisations à tous les niveaux ont été prévues pour le vendredi 9 novembre et le reste de la semaine. Je vous laisse découvrir certains de ces appels à manifester et œuvres graphiques tournant autour de ces évènements.

 http://youtu.be/S6IskZCANfI

 

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