Au delà du conflit avec Boko Haram, redécouvrir le Ténéré avec les blogueurs Nigériens et le Petit Prince

Arbre du Ténéré in 1961.CC-BY-SA 2.0

Arbre du Ténéré en 1961.CC-BY-SA 2.0

L'actualité du Niger est actuellement accaparée par le conflit avec Boko Haram dans le sud-ouest du pays. Le 3 mars dernier, 19 civils ont été tués lors d’une attaque de Boko Haram contre deux villages Kiu Keleha et Toubu Buka situés sur les rives nigériennes du lac Tchad. Le pays s'organise avec ses voisins pour contrer les attaques du groupe terroriste. Mais le Niger est encore trop souvent isolé dans ce combat dans le sud-ouest, une région méconnue du pays. Une initiative de blogueurs nigériens, cartographions pour le Niger, contribue à mieux connaitre l'ensemble du territoire en établissant des cartes des agglomérations du pays.

Nous vous proposons de partir à la rencontre d'un autre Niger via ses blogueurs. 

 L'est, une région isolée qui invite le Petit Prince

A l'instar de l'arbre du Ténéré, longtemps l'arbre le plus isolé au monde et détruit par un conducteur négligent, l'est du Niger souffre,d'un isolement partiel par rapport au reste du pays. Cet isolement rend la coordination pour combattre Boko Haram plus difficile, laissant le champ libre aux avancés aux groupes armés rebelles. Pourtant l'histoire de la région et plus spécifiquement, celle de l'arbre du Ténéré est assez unique et mérite d'être redite:

L'arbre légendaire du Ténéré était un acacia, isolé au milieu du désert, avec aucun autre arbre à plus de 400 km. Seul arbre aussi isolé au monde, il servait de repère pour les routes des caravanes traversant le sahel mais aussi d'inspiration pour de nombreux poètes, amoureux du désert, comme dans ces vidéos de A. Décotte :

et B. Hofmans:

Sur Google Maps et Google Earth, l'emplacement de l'arbre du Ténéré est marqué par une superbe photo de l'arbre avec une incrustation d'une phrase du Petit Prince  (partagé par Pierre Destruel) :

Le Petit Prince est de Retour - Photo mixé par Pierre Destruel

“Le Petit Prince est de Retour: Ce qui embellit le désert, c'est qu'il cache un puits quelque part”  – Photo composition par Pierre Destruel

P. Destruel ajoute le paragraphe suivant pour expliquer le lien qu'il fait entre l'arbre et le Petit Prince en citant un passage du livre pour rendre hommage à l'arbre et au livre :

Look at it carefully so that you will be sure to recognise it in case you travel some day to the African desert. And, if you should come upon this spot, please do not hurry on. Wait for a time, exactly under the star. Then, if a little man appears who laughs, who has golden hair and who refuses to answer questions, you will know who he is. If this should happen, please comfort me. Send me word that he has come back.

Regardez attentivement ce paysage afin d'être sûr de le reconnaitre, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s'il vous arrive de passer par là, je vous supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile! Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a les cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils! Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu'il est revenu

 Le Projet – Cartographions le Niger

 Le projet Cartographions le Niger,  aidé par une bourse de Rising Voices,  a pour objectif d'enrichir la cartographie du pays d'informations qui permettront d'identifier les établissements et routes principales dans les communautés du pays. Ce projet est mené de manière collaborative entre le département de géographie de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, ses étudiants,  Open Street Map et Rising Voices.  De par ce projet, les étudiants et toute l'équipe vont acquérir les compétences nécessaires pour participer à un projet collaboratif open-source de cartographie pour mieux connaitre les zones isolées du pays. Une fois ces compétences en cartographie et en média citoyen acquises, les participants se sont lancés dans les villages ruraux environnants pour cartographier les principaux sites tels que les écoles, les rues, et les hôpitaux. Ils ont également utiliser leurs compétences pour directement lier les cartes crées avec les besoins des communautés locales. Lors de la journée internationale de la femme, la contribution des contributrices du projet a été reconnu et célébré lors d'un atelier de formation avec les organisations, ITECH CENTER, Fada Tech et Femmes et Tech Niger (une association créée par Fatima Alher, member du projet cartographions pour le Niger):

'atelier sur la Cartographie OpenStreetMap avec Femmes & TIC Niger via Mapping for Niger sur Facebook

Atelier sur la Cartographie OpenStreetMap avec Femmes & TIC Niger (créé par Fatima Alher) via Mapping for Niger sur Facebook

A ce jour, le projet a permis d'enrichir les cartes de Madaoua, Niamey, Dosso, Zinder, Kolmane et Guidan Toudo. Le projet va s'étendre progressivement à d'autres régions du Niger. D'autres organisations comme Search for Common Ground vont collaborer avec ces initiatives pour renforcer les communautés dans les zones fragilisées. Bien que cette collaboration soit encore informelle,  Search for Common Ground travaille sur plusieurs projets dont le renforcement de la cohésion sociale et le processus de paix, notamment chez les jeunes de Zinder:

We succeeded in training 172 youth, including more than 40 young women. Participants came from various socioeconomic backgrounds, ranging from university students to illiterate gang members, and were of different ethnicities, ages, and institutional affiliations. Another 806 young people, 10% of them women, shared their thoughts on new concepts and discovered how to apply them in their own context. After our training, a reformed gang leader requested an extra restitution session for the students of a vocational school in Zinder.

Nous avons formé 172 jeunes, y compris plus de 40 jeunes femmes. Les participants provenaient de différents milieux socio-économiques, allant d'étudiants universitaires à des membres de gangs locaux, et étaient de différentes ethnies, âges, et affiliations.  Au total 806 jeunes, dont 10% de femmes, ont échangé leurs réflexions sur de nouveaux concepts sociaux et ont découvert comment les appliquer dans le contexte de leurs communautés. Après notre formation, un chef de gang réformée a demandé une session supplémentaire pour les élèves d'une école professionnelle à Zinder.

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