Caraïbes : Les yeux tournés vers Mumbai

Trois nations caribéennes, le Guyana, le Suriname, et Trinité et Tobago comptent un nombre considérable de personnes d'origine indienne dans leur population, et beaucoup des pays anglophones de la région ont des liens culturels avec l'Inde, qui trouvent leur origine dans leur passé colonial britannique commun. Le cricket[en anglais], le sport “national” tant aux Antilles anglophones [en anglais] qu'en Inde, en est le meilleur exemple. Sans surprise, nombreux sont les habitants de la Caraïbe et les blogueurs qui ont suivi de près les récents attentats terroristes à Mumbai avec beaucoup d'angoisse et de tristesse.

Tandis que de terribles nouvelles arrivaient au soir du mercredi 26 novembre, MediaCritic sur le blog Living Guyana se demandaient [en anglais, comme tous les blogs cités] comment les médias du Guyana couvriraient les attentats de Mumbai:

Si 80 personnes étaient tuées au cours de 5 différents attentats dans une seule ville des Etats-Unis, ce serait dans les flashs d'information de toutes les chaînes de télévision locales. 

Voyons si les actualités locales commencent par cette information, ou s'ils choisissent de l'évoquer dans les informations internationales ou même d'omettre d'en parler, tout simplement.

Plus tard ce soir-là, il annonce : “Comme prévu, les informations locales n'en ont pas du tout parlé.” Il ajoute : “Les gens attendent des nouvelles fraîches d'Inde, pas les foutaises que CNN sélectionne et nous refile.”

Ian Ramjohn, un Trinitéen vivant aux Etats-Unis, explique que la situation à Mumbai lui rappelle de manière inquiétante la tentative de coup d'état qui a eu lieu en 1990 à Trinité et Tobago, durant laquelle le premier ministre accompagné d'autres personnes ont été pris en otages et la ville de Port of Spain a subi des dommages graves. “C'est un peu comme revivre l'expérience la plus traumatisante de sa vie. Enfin pas vraiment la revivre, mais comme si”. Il ajoute  :

Nous sommes les victimes de nos propres expériences. Je ne parviens pas à voir les événements qui ont lieu à Mumbai autrement qu'à travers le filtre de ma propre expérience. Cela peut me servir ou me desservir gravement…. La police de Mumbai m'a surpris, avec ses casques anti-émeutes et ses fusils archaïques. Ceux-ci serait probablement plus adaptés pour maîtriser un mouvement de foule en ville (mais là encore, j'ai été surpris par les visières en mailles, et non en plastique) que pour affronter des Kalachnikovs et des grenades. Et là encore, j'ai repensé au coup d'état.

Annie Paul, une écrivain et critique indienne résidant en Jamaïque, a publié un extrait d'une conversation sur Facebook, qu'elle a “surpris par hasard”,entre un groupe de jeunes Indiens qui discutaient des priorités du pays, à la lumière des attaques de Mumbai. Cette conversation commence ainsi: “Il serait temps que l'Inde cesse d'envoyer des missions dans l'Espace et commence à s'atteler à la sécurité nationale du pays…”.  Le blog Guyana Providence Stadium fait une remarque similaire:

Il semble que le chaos total, le désordre et la désinformation prédominent en Inde, en tout cas, c'est l'impression diffusée par CNN… Est-ce la même Inde qui vient d'envoyer une fusée sur la Lune ?

Le blogueur bermudéen Jonnystar, étudiant en Grande-Bretagne, décrit les réactions des étudiants de troisième cycle universitaire dans sa résidence, parmi lesquels se trouvaient “un grand nombre de Pakistanais et d'Indiens”:

Les étudiants originaires des deux pays s'amassaient devant les écrans d'ordinateurs et les télévisions, au pub estudiantin le plus proche. Ils se retrouvaient dans un mélange de terreur, de contemplation silencieuse et de tentatives effrénées pour contacter leur famille et amis, qui résidaient, travaillaient, étudiaient ou séjournaient à Mumbai….

De manière ironique, les technologies dans notre société moderne nous permettaient d'être parfois mieux informés à Edinbourg qu'à Mumbai même. Pendant un temps, les étudiants en Ecosse ont servi de relais d'informations en diffusant les listes des blessés, les hôpitaux où ils étaient, ceux qui allaient bien, etc… De plus, le réseau de téléphonie mobile à Mumbai était saturé ou avait été désactivé par les autorités, personne ne savait vraiment. 

Il ajoute: “Il n'y a aucun signe de tension entre étudiants indiens et pakistanais ici, il n'y a que l'angoisse partagée et le dégoût que provoquent les atrocités commises.” 

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