Un journaliste remercié pour avoir critiqué l'occupation de la Crimée sur Facebook

An "unidentified" soldier is defending this Russian-speaking cat. "Thanks for the fact that I'm no longer a "kit"" (Ukrainian for "cat" (kit) is a homonym of Russian for whale (kit)). Anonymous image found online.

Un soldat russe “non identifié” défend un chat russophone. “Merci, je ne suis plus une baleine.” (Le mot “chat” en ukrainien (kit) est l'homonyme du mot “baleine” en russe.) Image anonyme trouvée en ligne.

A un moment où l'on parle beaucoup de la censure du gouvernement sur les médias et l’internet russes, parlons un peu de l'autocensure, bien plus en vogue dans les agences d'information, au moins au niveau local. Avec ce fait récent : un journaliste de Perm a été licencié pour avoir re-posté un post Facebook plutôt anodin, quoique un peu incisif.

L'original date du 4 mars 2014, et il est l'oeuvre de Roman Romanenko, de la région de Volgograd. Romanenko, qui lui aussi travaille dans les médias, s'adresse ironiquement à Poutine lui demandant d'”envoyer des soldats” dans la région de Volgograd pour défendre les droits des habitants “russophones”. Romanenko fait bien sûr allusion à l'occupation de la péninsule de Crimée par les troupes russes (les fonctionnaires russes niant alors que leurs troupes s'y trouvent). Voici ce qu'il écrit:

Мы тут все сплошь русскоязычные и наши права очень ущемляются. Наши больные не могут получить нужных им лекарств и лечения, уровень нашего образования падает с каждым годом […] А еще мы узнали, что вы собираетесь потратить много денег, чтобы нормализовать жизнь в Крыму. Стесняемся спросить: можно ли потратить эти деньги на нормализацию жизни в Вологодской области. А то наша область в такой долговой яме, что ни на что денег не хватает. А нам очень нужны мосты, дороги, спортивные сооружения, промышленные объекты, новые рабочие места…

Tous tant que nous sommes ici, nous sommes russophones, et nos droits sont réellement bafoués. Nos malades ne peuvent pas recevoir les soins et les médicaments dont ils ont besoin, notre niveau d'instruction chute un peu plus tous les ans […] Et voilà qu'on nous apprend que vous allez dépenser beaucoup d'argent pour normaliser la vie en Crimée. Ne pourrait-on consacrer cet argent à normaliser la vie dans la région de Volgograd ?, oserons-nous demander. La dette de notre région est si abyssale qu'il n'y a de fonds pour rien. Pourtant il nous faut des ponts, des routes, des équipements sportifs et industriels, de nouveaux postes de travail…

Alexandre Erenko, un journaliste de Perm, a reposté ce texte sur son mur Facebook, en remplaçant la région de Volgograd par la sienne propre. Bien que sa note n'ait été partagée que 44 fois, à comparer aux 3323 reposts de l'original de Romanenko, il est clair qu'elle a fini par arriver jusqu'à l'un de ses supérieurs. Erenko a été licencié dans l'heure, fait savoir  “L'Echo de Perm” (édition locale de “L'Echo de Moscou”).

En même temps, Romanenko n'a pas été le seul à voir une différence entre la façon dont Moscou défend ses ressortissants potentiels en Crimée et ses propres citoyens. Cet tweet de la blogueuse Irina Petrovaïa a été retweeté presque mille fois, et en particulier par l'opposant russe Alexeï Navalny (bien qu'il soit assigné à résidence et théoriquement privé de lien avec le monde extérieur):

Le gouverneur de la région de Moscou qui prélève 40 millions de roubles sur le budget de la région pour les affecter à la reconstruction d'un hôpital en Crimée. Dingue !! Est-ce ce qu'il a déjà mis les pieds dans un hôpital de la banlieue moscovite ???

2 commentaires

  • […] Un soldat russe “non identifié” défend un chat russophone. “Merci, je ne suis plus une baleine.” (Le mot “chat” en ukrainien (kit) est l'homonyme du mot “baleine” en russe.) Image anonyme trouvée en ligne.  […]

  • […] Où des Russes demandent à Poutine de leur "envoyer des troupes", si c'est le seul moyen d'obtenir un meilleur financement des dépenses de leur région.A un moment où l'on parle beaucoup de la censure du gouvernement sur les médias et l’internet russes, parlons un peu de l'autocensure, bien plus en vogue dans les agences d'information, au moins au niveau local. Avec ce fait récent : un journaliste de Perm a été licencié pour avoir re-posté un post Facebook plutôt anodin, quoique un peu incisif. …  […]

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